Après avoir prévu une hausse de tarif de 4,8% pour 2007, Hydro-Québec se présente aujourd'hui devant la Régie de l'énergie avec une demande d'augmentation beaucoup plus modeste de 2,8%.

Après avoir prévu une hausse de tarif de 4,8% pour 2007, Hydro-Québec se présente aujourd'hui devant la Régie de l'énergie avec une demande d'augmentation beaucoup plus modeste de 2,8%.

Mais c'est loin d'être une aubaine. Pour pouvoir réduire son appétit cette année, Hydro veut pelleter en avant des centaines de millions de dollars de dépenses qui feront augmenter les tarifs plus tard. La société d'État demande en effet à la Régie de lui permettre de reporter sur trois ans l'augmentation des coûts de transport qui devrait être incluse dans ses tarifs en 2007. Il s'agit d'une somme de 340 millions de dollars, plus les intérêts, qui devra être récupérée entre 2008 et 2011 par d'autres hausses de tarifs. La manoeuvre ne fait pas l'unanimité chez les intervenants qui ont demandé à se faire entendre par la Régie, mais plusieurs estiment qu'entre deux maux, il faut choisir le moindre.

Sans le report des coûts de transport, la hausse requise par Hydro serait de 8,5 %, plutôt que 2,8 %. "Ce serait énorme, beaucoup trop élevé ", estime Claude Girard, porte-parole d'Option consommateurs. Le groupe de défense des intérêts des consommateurs favorise donc l'étalement des coûts de transport, mais il estime que ces

coûts pourraient être récupérés plus rapidement par Hydro. " Il y a peut-être une solution mitoyenne, qui serait de payer un peu plus en 2007, afin de limiter les augmentations futures ", explique-t-il. Hydro a soutenu que la réduction soudaine de sa demande de hausse de tarif de 4,8% à 2,8% était due à la baisse de la demande industrielle et à l'hiver doux en 2005-2006.

La coïncidence entre cette baisse d'appétit chez Hydro et l'échéance électorale n'a pas surpris le porte-parole d'Option consommateurs. " Dans une année préélectorale, ça tombe plutôt bien ", souligne Claude Girard.

Règle générale, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) est contre le pelletage en avant des coûts. Les coûts doivent être récupérés en s'éloignant le moins possible du moment où ces dépenses sont faites, souligne son mémoire déposé à la Régie. Dans le cas des coûts de transport, la FCEI est prête à accepter

un report, mais plus court que celui proposé par Hydro, précise son porte-parole Richard Fahey. "Si ces coûts sont reportés pendant deux ans plutôt que trois, on économise des millions en intérêts", souligne-t-il.

Selon lui, une augmentation de 2,8% qui s'ajoutent aux quatre dernières hausses des tarifs d'électricité est déjà trop élevée pour les PME. "C'est presque un point de plus que le taux d'inflation", rappelle-t-il. Les grands consommateurs industriels d'électricité, de leur côté, veulent à tout prix éviter une augmentation de tarifs de 8,5%

en 2007. Ils sont donc favorables à l'étalement des coûts de transport sur trois ans, tel que proposé par Hydro.

L'étalement permet des hausses de tarifs plus stables et mieux gérables pour les entreprises, explique leur porte-parole, Luc Boulanger. L'autre solution, soit une augmentation énorme des tarifs en 2007 suivie de hausses moindres en 2008 et en 2009, n'est pas acceptable, selon lui. "La grande entreprise ne peut pas se permettre ça, on lutte pour notre survie actuellement. " Au bout du compte, ça coûtera plus cher à tous les clients d'Hydro puisque des intérêts de 8% s'ajoutent aux coûts reportés. C'est vrai, convient Luc Boulanger, mais les coûts globaux d'Hydro pourraient bien diminuer au cours des prochaines années, à cause de la baisse de la demande industrielle (notamment la fermeture de Norsk Hydro à Bécancour), ce qui laisse présager des demandes d'augmentations moins élevées. "Les scénarios mis de l'avant par Hydro nous semblent logiques", estime-t-il.

Si sa proposition est acceptée, Hydro prévoit des hausses de 2,8% en 2007, de 3,5% en 2008 et de 1,5% en 2009. La Régie avait dit non à la proposition d'Hydro d'étaler les hausses de tarifs en 2005. Elle lui avait plutôt accordée une augmentation plus élevée de 5,3%.