Quelques mois après le 11 septembre 2001, les entreprises québécoises ont poussé un grand ouf! La récession annoncée n'aurait pas lieu, finalement. Mais la vie n'a plus jamais été la même pour nos PME, qui apprennent depuis à conjuguer le verbe sécuriser à tous les temps et dans tous les modes.

Quelques mois après le 11 septembre 2001, les entreprises québécoises ont poussé un grand ouf! La récession annoncée n'aurait pas lieu, finalement. Mais la vie n'a plus jamais été la même pour nos PME, qui apprennent depuis à conjuguer le verbe sécuriser à tous les temps et dans tous les modes.

Cinq ans après les événements qui ont conduit les Américains à se barricader derrière leurs frontières, il y a des entreprises au Québec qui travaillent dur pour conserver l'accès à leur principal marché.

Des centaines de milliers de dollars sont actuellement investis pour faire ami-ami avec le Customs-Trade Partnership against Terrorism, le redoutable programme américain de lutte contre le terrorisme, mieux connu sous son acronyme C-TPAT.

C-TPAT a été mis en place par le gouvernement américain tout de suite après le 11 septembre 2001 pour accroître la sécurité aux frontières. Le programme, auquel les fournisseurs des États-Unis adhèrent sur une base volontaire, permet d'éviter les fouilles et de traverser la frontière plus rapidement.

Volontaire, vraiment? " Au début, on pensait pouvoir s'en passer ", dit Jean-Yves Brochu, vice-président de Bélanger Laminés, dont 40 % de la production d'armoires et de comptoirs de cuisine prend le chemin des États-Unis.

Assez rapidement, Bélanger Laminés a réalisé qu'il lui fallait l'accréditation

C-TPAT pour éviter les ennuis. " C'est un geste défensif ", dit Jean-Yves Brochu, qui ajoute que la décision n'a pas été prise de gaieté de coeur. " C'est rare que les entreprises font des investissements sans en attendre un rendement. "

Le processus en cours dans l'entreprise de Boucherville a commencé par la délivrance d'une carte d'accès avec photo à tous les employés et par un contrôle des visiteurs de l'usine. Il a aussi fallu clôturer et restreindre l'accès aux aires de chargement de la marchandise.

L'investissement en temps et en argent pour être accrédité C-TPAT est " énorme ", juge Daniel Chouinard, de Thomas & Betts, un fabricant d'équipements électriques de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui a six usines à Montréal et sur la Rive-Sud.

Thomas & Betts a dépensé 100 000 $ pour sécuriser une seule de ses usines montréalaises. La facture grimpe rapidement quand ont tient compte des systèmes vidéo, de la base de données et du gardiennage, ajoute Daniel Chouinard, qui a piloté le processus.

L'entreprise attend maintenant que les autorités américaines viennent approuver les mesures de sécurité mises en place. " Il n'y a aucun critère précis à respecter, mais il faut avoir un plan ", dit-il, en ajoutant que les inspections peuvent survenir à tout moment et que l'accréditation peut également être retirée en tout temps.

Les connecteurs et autres distributeurs électriques fabriqués par Thomas & Betts quittent les quais de chargement dans les camions scellés de transporteurs eux-aussi accrédités C-TPAT.

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