«Une petite usine dans chaque ville, c'est une faillite dans chaque ville!»

«Une petite usine dans chaque ville, c'est une faillite dans chaque ville!»

Avrim Lazar a le mérite d'être clair. Le président et chef de la direction de l'Association des produits forestiers du Canada (APFC) ne croit pas à la survie du régime forestier québécois dans son état actuel.

Son organisme presse d'ailleurs le Québec de laisser tomber ses petites usines moins rentables, comme l'ont fait la Colombie-Britannique et l'Ontario au cours de la dernière décennie.

«Avant, chaque ville avait son usine, dit M. Lazar. C'était une politique sage il y a 15 ans, quand le dollar était bas et que nous n'avions pas de concurrents. Mais les temps ont changé. Le Québec a été le plus lent à répondre aux nouvelles réalités du marché et il est maintenant dans la pire situation au Canada.»

Il reconnaît que le régime québécois a eu ses bons côtés, mais il ne fonctionne plus, selon lui.

«Les objectifs sociaux poursuivis par le Québec sont admirables, mais le coût de la main-d'oeuvre est le plus élevé au monde, la productivité est moyenne et le coût de la fibre est le plus élevé en Amérique du Nord.»

L'APFC compatit tout de même avec le ministre québécois des Ressources naturelles et de la Faune, Claude Béchard, qui doit décider de l'avenir du régime forestier québécois.

«C'est très difficile pour les politiciens d'apporter les changements nécessaires, dit M. Lazar. L'industrie ne veut pas non plus fermer des usines, mais les forces du marché l'exigent. Il n'y aura jamais assez de subventions afin de sauvegarder toutes les usines du Québec. Et plus Québec retarde sa réforme, plus les conséquences seront désastreuses.»

L'industrie ne s'en cache pas: la réforme québécoise ne se fera pas sans pertes d'emplois immédiates. L'APFC refuse toutefois de les chiffrer. Ceux qui survivront à la crise pourront toutefois profiter d'un contexte économique favorable.

«La demande mondiale de bois devrait augmenter de 3% par année, soit le double de la production annuelle du Québec, dit M. Lazar. Nous avons donc les ressources afin de répondre à la hausse de la demande mondiale.»

Comme l'APFC, l'Ordre des ingénieurs forestiers du Québec attend avec impatience la décision du ministre Béchard.

«Le régime actuel a fait son temps, dit son président, Pierre Labrecque. Mais s'il est sérieux, le ministre Béchard va tout mettre sur la table, y compris la possibilité d'accorder une partie de la forêt québécoise à d'autres groupes comme les communautés autochtones ou des municipalités. Le ministre devra favoriser des retombées pour l'ensemble de la population québécoise.»

En juillet dernier, le gouvernement du Québec a annoncé une réduction de 2$ le mètre cube du prix de la fibre. Le ministre Béchard travaille actuellement à la réforme du régime forestier québécois, mais il refuse de s'imposer une date butoir.

«Nous n'avons pas pris de décision à savoir quand ces modifications au régime québécois seront annoncées», dit Claude-Éric Gagné, conseiller politique au cabinet du ministre Béchard.