Conrad Black a promis de laver sa réputation, dans une entrevue accordée au quotidien qu'il a lui-même créé, le National Post.

Conrad Black a promis de laver sa réputation, dans une entrevue accordée au quotidien qu'il a lui-même créé, le National Post.

«Les procureurs ont perdu sur presque toute la ligne. Nous allons maintenant à la Cour d'appel, et nous nous attendons à ce que l'on dispose de ce qu'il reste de ces fausses accusations», a-t-il dit vendredi soir.

Quelques heures plus tôt, vers 11h 30, un jury de neuf femmes et trois hommes l'avait déclaré coupable de trois chefs d'accusation de fraude et d'un d'entrave à la justice.

Les faits se sont déroulés entre 1990 et 2005, alors qu'il était à la barre de l'empire médiatique de son groupe Hollinger.

Conrad Black faisait face à 13 chefs d'accusation. Les trois chefs de fraude retenus contre lui pourraient lui valoir chacun cinq ans de prison, et une amende de 250 000$. Celui d'entrave à la justice: un maximum de 20 ans.

Déjà, l'équipe de procureurs fédéraux a recommandé une peine d'emprisonnement de 15 à 20 ans à la juge Amy St. Eve. Black devrait connaître sa sentence le 30 novembre.

Fidèle à son personnage et malgré le spectre d'un fin de vie passée derrière les barreaux, Conrad Black a choisi de projeter l'image d'un homme confiant.

«Cette guerre dure depuis presque quatre ans, et les allégations originales se sont érodées à une fraction de ce qu'elles étaient au départ», a-t-il dit.

Il a quand même convenu que le verdict ne lui plaisait guère. «Même si ça aurait pu être pire, a-t-il dit au quotidien du groupe CanWest, toute déclaration de culpabilité est insatisfaisante.»

«Conrad Black est frustré d'avoir été reconnu coupable, a indiqué son avocat, Edward Greenspan. Nous espérions un acquittement complet et nous ne l'avons pas eu.»

Immédiatement après le verdict, M. Greenspan a déclaré que son client interjetterait appel. Lord Black aurait déjà retenu les services d'un groupe d'avocat pour ce faire.

Maître stratège

La nouvelle de la culpabilité de Conrad Black a fait le tour de monde, et de nombreux quotidiens canadiens, britanniques ou américains affichaient la nouvelle en première page, hier matin.

L'Independant parle d'une tragicomédie d'arrogance et d'extravagance. Le Daily Telegraph, ayant déjà appartenu à Conrad Black, juge que la stupidité de ses erreurs est surprenante.

De nombreux experts ont aussi été consultés, dont George Tombs, auteur d'une biographie de Lord Black.

En entrevue avec la Presse Canadienne, l'ancien éditorialiste de la Gazette a raconté que lorsqu'un proche lui en a fait mention récemment, M. Black a dit trouver indigeste la seule possibilité d'être déclaré coupable.

«Il s'est étouffé et a dit: Je ne peux même pas le concevoir. Je dois concentrer toutes mes énergies à penser à la victoire , raconte M. Tombs. Il s'est convaincu qu'il allait gagner, a-t-il ajouté. Il a tendance à se voir comme un maître stratège qui bouge les pièces sur l'échiquier.»

Selon plusieurs observateurs, les avocats de Conrad Black devront multiplier les coups de maître s'ils veulent aspirer à une victoire en appel. Leur client a déjà investi près de 40 millions de dollars en cautions et frais légaux. La bataille risque de coûter encore cher.