Quand vient le temps de dénicher des jeunes avocats talentueux, au diable le patriotisme américain!

Quand vient le temps de dénicher des jeunes avocats talentueux, au diable le patriotisme américain!

Depuis 10 ans, les grands cabinets d'avocats de New York et Boston font de l'oeil aux meilleurs étudiants en droit de l'Université McGill. L'automne dernier, une trentaine d'entre eux se sont laissés séduire. Dont David Sandomierski, un Torontois venu faire son droit à McGill.

«Je n'ai jamais eu l'intention d'aller travailler aux États-Unis, dit-il. Je ne savais même pas si je voulais pratiquer le droit après mon bac. J'ai surtout accepté l'offre de New York par curiosité. Ce sera une belle occasion de découvrir une autre culture juridique, une autre ville et un autre pays. Nous dénigrons souvent les Américains, mais nous ne les connaissons pas.»

Après son stage dans la Grosse Pomme, David Sandomierski retournera à McGill pour sa dernière année d'études. Il fera ensuite un stage d'un an à la Cour suprême du Canada. Mais il ne se fait pas d'illusions: ses employeurs new-yorkais tenteront de le faire changer d'idée cet été.

«Leur objectif est simple: que les étudiants acceptent un emploi à la fin de l'été, dit-il. On nous donne des dossiers intéressants, on n'exige pas autant d'heures de travail que les jeunes avocats et on nous amène souvent au restaurant.»

De plus en plus d'étudiants de McGill succombent au charme des grands cabinets new-yorkais et bostonnais, qui leur offrent un salaire annuel initial de 145 000 $ US.

À Montréal, un stagiaire gagne un salaire annuel de 55 000 $CAN, haussé à 80 000 $ CA à son admission au Barreau.

«Le marché juridique à New York a connu une croissance plus forte que prévu au cours des dernières années. Comme il n'y a plus assez d'avocats qui sortent des facultés de droit aux États-Unis, les grands cabinets viennent recruter au Canada», dit Ali Martin-Mayer, directrice du centre de développement professionnel de la Faculté de droit de l'Université McGill

Comme McGill enseigne à la fois le droit civil (en vigueur au Québec, en Amérique du Sud et en Europe) et la common law (en vigueur aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans les anciennes colonies britanniques), ses étudiants ont la cote à New York et à Boston.

«Nous sommes réputés comme l'Université Harvard du nord, dit Mme Martin-Mayer. Notre formation rend nos étudiants mieux préparés aux transactions internationales. Et ils sont bilingues, un atout pour les grands cabinets de New York qui ont généralement un bureau à Paris.»

En septembre dernier, 19 cabinets d'avocats américains ont fait une visite éclair à Montréal pour interviewer des étudiants de l'Université McGill. Les meilleurs candidats ont reçu une invitation pour une deuxième entrevue, cette fois au pays de l'Oncle Sam.

«Moi qui n'avait jamais mis les pieds dans un grand hôtel, j'y suis resté pendant six jours à New York, dit David Sandomierski. Comme j'avais plusieurs entrevues, les différents cabinets se sont partagés mes dépenses. On m'a souvent amené dîner dans des restaurants chics. Au fond, c'étaient un peu comme des vacances payées!»