La rumeur est dans l'air: Loblaw (T.L) pourrait centraliser une grande partie des activités administratives de son bureau montréalais à son siège social ontarien.

La rumeur est dans l'air: Loblaw [[|ticker sym='T.L'|]] pourrait centraliser une grande partie des activités administratives de son bureau montréalais à son siège social ontarien.

S'agirait-il d'une bonne décision?

Dans le monde du placement, les avis sont partagés même si les spécialistes reconnaissent l'importance de prendre des mesures pour améliorer la situation du géant de l'alimentation.

Le mois dernier, Loblaw a annoncé une perte de 756 millions de dollars pour son quatrième trimestre, en raison d'une dépréciation importante de ses magasins Provigo au Québec.

Aujourd'hui, mon collègue Laurier Cloutier nous apprend qu'une quarantaine de postes ont été touchés au cours des derniers jours. D'autres mises en disponibilité seraient prévues au centre montréalais.

Pas une surprise

«Ce n'est pas une surprise, dit Christopher Sears, de MacDougall, MacDougall & MacTier. Cette décision lui permettra d'économiser de l'argent.»

Selon l'analyste, le siège social de Brampton a l'espace nécessaire pour regrouper les tâches administratives du groupe. Il souligne que des employés du centre régional d'Alberta ont déjà été rapatrié vers l'Ontario.

De son côté, le vice-président Éric Simard, de Demers Conseil, pense que l'entreprise devra être prudente avec son programme de centralisation.

Il considère que le transfert du département des achats de Calgary, en 2005, n'a pas été un véritable succès.

«À cette époque, et de l'aveu même de la direction de Loblaw, les conséquences de ce déménagement ont été nettement sous-estimées puisque seulement la moitié des 150 acheteurs ont accepté le transfert», dit le conseiller.

Étant donné l'importance de ce département pour une entreprise de détail, il pense que les choses se passeraient différemment si c'était à refaire. Il souligne que les erreurs et l'inefficacité liées à la formation des nouveaux employés augmentent les coûts de l'entreprise.

«On peut espérer que Loblaw a appris de ces expériences», dit-il.

Rationalisation en vue

À son avis, l'épicier a tout intérêt à rationaliser certaines activités mais il doit protéger les emplois névralgiques, comme ceux des acheteurs.

" C'est un travail stratégique parce qu'ils décident quoi acheter et où l'acheter, dit M. Simard. Ce sont eux qui déterminent ce qui se retrouve sur les tablettes. "

En février dernier, des analystes avaient aussi émis des doutes face à une centralisation complète en Ontario.

" La nouvelle structure d'entreprise mise en place chez Loblaw, centrée sur son siège social de Brampton, éliminera presque toute gestion régionalisée. Or, ça risque de nuire à sa capacité de réagir à la concurrence locale et régionale, déjà importante en alimentation ", avait déclaré à La Presse Affaires Perry Caicco, analyste chez Marchés de capitaux CIBC.

Roger Rouleau, de Marchés des capitaux RBC, avait émis un avis semblable.

Par ailleurs, Éric Simard pense que Loblaw n'a pas d'intérêt non plus à s'aliéner les fournisseurs de produits québécois parce que cela risquerait d'entraîner un boycott de ses ventes.

" Le marché du Québec compte pour environ le quart de ses ventes, estime-t-il. Cela dit, la compagnie continuera à faire affaire avec des fournisseurs québécois pas seulement parce qu'ils sont au Québec mais parce qu'ils sont efficaces. "

Christopher Sears pense aussi que Loblaw ne réduira pas la part des fournisseurs québécois même si de plus en plus d'activités sont centralisées en Ontario.

L'analyste souligne que le programme de restructuration de Loblaw vise aussi à améliorer les systèmes de distribution et d'entreposage.

L'épicier ontarien a connu des ratés en voulant se réinventer à partir de 2004 pour faire face à l'arrivée du géant américain Wal-Mart dans le monde de l'alimentation.

" Son plan de redressement prendra plus de temps que prévu mais il devrait réussir ", avance M. Sears. Il recommande l'achat de Loblaw avec un cours cible de 56 $ d'ici les 12 à 18 prochains mois.

Éric Simard est aussi optimiste même s'il reconnaît qu'il y a beaucoup de travail à faire. Son cours cible est de 60 $ d'ici la prochaine année.