Maintenant qu'il a amélioré ses résultats aux États-Unis, le fromager Saputo (T.SAP) est en bonne position pour prendre une autre bouchée au sud de la frontière ou sur un autre continent.

Maintenant qu'il a amélioré ses résultats aux États-Unis, le fromager Saputo [[|ticker sym='T.SAP'|]] est en bonne position pour prendre une autre bouchée au sud de la frontière ou sur un autre continent.

«La société a la capacité de faire une acquisition d'environ 1,5 milliard de dollars», estime Philippe Le Blanc.

Le président de Cote 100 pense qu'une transaction importante fait partie de la stratégie de Saputo pour devenir une grande société internationale.

«Ses dirigeants sont patients et ils attendent une bonne occasion», précise le gestionnaire.

Ces occasions pourraient justement venir du côté américain, où les fabricants de fromage font face à des conditions difficiles et à une concurrence féroce.

«Plusieurs entreprises souffrent, constate M. Le Blanc. Il faut s'attendre à un vent de consolidation dans cette industrie fragmentée.»

Selon lui, Saputo, qui se classe parmi les cinq plus importants producteurs de fromages aux États-Unis, a les moyens financiers pour avaler des fabricants régionaux, des coopératives ou une grande compagnie privée.

Le gestionnaire rappelle que la société montréalaise dispose d'un bon bilan.

Sa dette nette n'est que de 172 millions sur un avoir des actionnaires de presque 1,5 milliard.

Son faible niveau d'endettement (12%) lui donne la marge nécessaire pour augmenter sensiblement sa capacité d'emprunt.

Elle pourrait même faire passer ce ratio au-delà de la barre des 100% sans indisposer ses finances.

«Ça demeurerait acceptable car le secteur de la consommation, et particulièrement la vente de fromages, est dans un créneau plutôt stable», explique Philippe Le Blanc.

Forte de ce levier, Saputo serait en mesure d'emprunter l'équivalent de 1,5 milliard.

Le gestionnaire souligne que l'entreprise commence aussi à lorgner l'Europe.

En avril 2006, elle a acheté le fabricant allemand Spezialitaten-Kaserei De Lucia, spécialisé dans les fromages italiens.

«Cette entreprise pourrait lui servir de tremplin pour mieux connaître le marché européen, dit-il. Son objectif est d'acquérir d'autres petites entreprises avant de se tourner vers une plus grosse, de manière à minimiser les risques.»

Même si un gros achat européen n'est pas exclu, le spécialiste pense plutôt qu'une transaction d'envergure a plus de chances de se faire aux États-Unis.

Ses résultats du troisième trimestre, publiés la semaine dernière, montrent d'ailleurs une nette amélioration du côté américain.

Malgré la faiblesse des prix du fromage et des aléas d'un marché moins réglementé qu'au Canada, la marge du bénéfice d'exploitation aux États-Unis est passée de 5,2% au troisième trimestre de l'an dernier à 9,2% cette année.

Pour la même période, elle est passée de 9,4% à 11,9% au Canada.

«Saputo a amélioré ses profits en baissant ses coûts, en fermant une usine, en réduisant la part des clients moins rentables et en augmentant son efficacité», explique M. Le Blanc.

Grâce à ces initiatives, le fromager a dévoilé un bénéfice net de 64,1 millions, ou 62 cents par action, pour les trois mois terminés à la fin de décembre. Il s'agit d'une hausse de 42% par rapport à l'an dernier.

Il n'en fallait pas plus pour que son titre s'envole de plus de 11% depuis le début du mois, soit une des meilleures performances parmi les titres de la Bourse de Toronto.

Le gestionnaire pense que Saputo a trouvé la bonne recette pour bien faire aux États-Unis, malgré les conditions de marché plus difficiles.

Au Canada, où elle réalise presque le trois quarts de ses ventes, les choses vont bien, précise-t-il, mais il y a moins d'occasions de croissance puisqu'elle est déjà le plus important transformateur laitier et le plus grand manufacturier de petits gâteaux au pays.

La compagnie, qui emploie 8500 personnes, possède 27 usines au Canada, 13 aux États-Unis, deux en Argentine et une en Allemagne.

Pour l'exercice qui se terminera en mars prochain, M. Le Blanc s'attend à un bénéfice de 2,30$ par action par rapport à 1,92$ en 2006.

Son cours cible d'ici un an est de 45$. «Mais s'il y avait une importante acquisition, ça pourrait être plus», souligne le spécialiste.