Le huard a encore perdu de l'altitude mardi, pour atteindre son niveau le plus bas en près d'un an en cours de séance, avant de se fixer à 85,02 $ US, en baisse de 0,05 cent US.

Le huard a encore perdu de l'altitude mardi, pour atteindre son niveau le plus bas en près d'un an en cours de séance, avant de se fixer à 85,02 $ US, en baisse de 0,05 cent US.

La baisse du prix du pétrole n'explique qu'en partie cette faiblesse, estiment les observateurs. La baisse des prix des métaux et le ralentissement de l'économie américaine plombent aussi la devise canadienne.

L'indice du prix des matières premières est en chute libre depuis quelques semaines, souligne Francis Généreux, économiste chez Desjardins. «Seulement depuis le début de l'année, le prix du cuivre est en baisse de 12 %», ajoute-t-il.

Gros producteur de cuivre, de zinc et autres métaux, le Canada a profité en 2006 d'une demande exceptionnelle de la part de la Chine et de l'Inde, ce qui a poussé les prix et la valeur du dollar à la hausse. Même si la croissance dans ces pays reste très forte, «on sent le rythme diminuer», explique l'économiste.

Les commodités, dont le pétrole fait partie, comptent pour 54% des exportations canadiennes. Le prix du brut est lui aussi à la baisse, en raison surtout de l'hiver exceptionnellement doux que connaît le nord-est des États-Unis qui réduit la consommation de carburant de chauffage.

Le baril de pétrole a fini la journée mardi à 55,64 $ US sur le marché de New York, en baisse de 45 cents US, après avoir touché un creux de 54,72 $ US en cours de séance, soit son niveau le plus bas depuis 18 mois. Depuis le début de cet hiver hors de l'ordinaire, le prix du brut a baissé de 12%.

En plus du pétrole et des métaux, la faiblesse actuelle du dollar canadien s'explique aussi par le ralentissement de l'économie canadienne, note Marc Lévesque, vice-président et économiste principal du Groupe financier TD.

La faiblesse généralisée de l'économie se confirmera lorsqu'on connaîtra la croissance du quatrième trimestre, le mois prochain, mais elle était déjà annoncée dans les statistiques de fin d'année 2006. «Ces données très faibles ont changé la perspective vis-à-vis du Canada et du dollar canadien», estime Marc Lévesque.

L'économiste du Groupe financier TD rappelle que l'actuel cycle baissier du dollar a commencé en novembre dernier. La tendance à la baisse a été nourrie par les anticipations de ralentissement économique aux États-Unis, qui est toujours de mauvais augure pour l'économie canadienne.

«La baisse des prix du pétrole alimente tout ça», dit-il.

Un répit

Les nouvelles récentes sur le front de l'emploi et de la croissance des salaires ont été meilleures que prévu du côté américain, mais le dollar canadien n'en a pas profité, constate Hughes Lajeunesse, vice-président, marchés monétaires, à la Banque BPN-Paribas.

Selon lui, il faut toutefois faire attention aux chiffres sur l'emploi, qui reflètent la vigueur passée de l'économie américaine et ne veulent rien dire sur les mois à venir.

Le ralentissement de l'économique américaine est bien réel et continuera de plomber le huard, selon lui, mais autour de 85 cents US, sa valeur reste élevée du point de vue des exportateurs canadiens.

La faiblesse actuelle du dollar permet aux exportateurs de souffler un peu mais ce n'est qu'un répit, estime Hugues Lajeunesse, qui prévoit un raffermissement de la valeur du huard à court terme.

C'est aussi l'avis de Francis Généreux, du Mouvement Desjardins. Ce qui arrive actuellement à l'économie américaine est un «soft landing», c'est-à-dire une pause dans la croissance plutôt qu'une récession, estime-t-il. Éventuellement, l'économie américaine va reprendre du poil de la bête et tirer à la hausse le dollar canadien.

De même, la demande de matières premières de la Chine, de l'Inde et des autres économies émergentes va rester forte, ce qui joue en faveur du dollar canadien. Le huard devrait reprendre de l'altitude à partir du printemps, prévoit l'économiste.