Fouillez bien. Vous avez probablement un petit squelette fiscal dans votre placard.

Fouillez bien. Vous avez probablement un petit squelette fiscal dans votre placard.

Vous avez déjà accepté - ou demandé - d'escamoter les taxes pour une petite réparation à domicile.

Ne serait-ce qu'une fois.

Vous avez engagé les services d'une aide à domicile occasionnelle que vous payez comptant. Vous faites du dépannage informatique à temps et à impôt perdus...

Selon une enquête réalisée au milieu des années 90 par Bernard Fortin, professeur au département d'économique de l'Université Laval, 17,5 % des adultes québécois consomment des biens ou des services au noir.

Pour le Canada dans son ensemble, les données varient selon les méthodes de calcul. En 2002, les chercheurs Giles et Todds ont évalué l'économie au noir à 15,6 % du PIB canadien.

Un sondage Léger Marketing réalisé la même année pour la Presse Canadienne a montré que 12 % des Canadiens avaient déjà effectué du travail au noir et 11,4 % avaient payé quelqu'un pour en faire.

Chose certaine, selon Bernard Fortin, les estimations confirment que le phénomène s'est considérablement accru depuis les années 70.

Il s'observe également en Europe et aux États-Unis. Mais alors que l'immigration clandestine est prépondérante chez notre voisin du sud, ici, c'est la fiscalité plus lourde et l'étendue des programmes sociaux qui sont les causes — ou les prétextes — du travail au noir.

Car il est fort tentant. On économise un joli paquet de dollars et on ne fait de mal à personne. Croit-on.

Mais mises en communs, ces petites sommes atteignent un montant astronomique. Au Québec, les trois études réalisées sur l'économie au noir la situent dans une fourchette de 3 % (Bernard Fortin, 1992) à 5,7 % (Pinard, sous la supervision de Fortin et Lacroix, 2005) du produit intérieur brut.

Pour 2002 (les dernières données disponibles), sur des activités au noir de 9,7 milliards $, les pertes fiscales du Gouvernement du Québec se sont élevées à 2,1 milliards de dollars, estime le ministère des Finances du Québec.

Les gouvernements tentent évidemment de repêcher les cotisations perdues.

Ainsi, au ministère des Finances du Québec, les mesures de lutte au travail au noir ont permis de récupérer 813 millions $ pour l'exercice 2005-2006.

De son côté, le ministère québécois du Revenu a recouvré 1,5 milliard $ de recettes fiscales en 2004-2005.

Une des raisons pour lesquelles les gouvernements tiennent tant à contenir le travail au noir, c'est qu'il est contagieux.

«Il y a un phénomène d'interaction sociale qui peut faire boule de neige, soulève Bernard Fortin. Mon voisin ne paie pas d'impôts, pourquoi pas moi ? »

En effet, pourquoi pas vous?

Le dossier complet à lire aujourd'hui dans La Presse du 29 octobre...