Kitsch et ringardes, les sandales écologiques Birkenstock sont redevenues branchées sans aucune stratégie publicitaire, propulsant la PME allemande au troisième rang mondial de l'industrie de la chaussure.

Kitsch et ringardes, les sandales écologiques Birkenstock sont redevenues branchées sans aucune stratégie publicitaire, propulsant la PME allemande au troisième rang mondial de l'industrie de la chaussure.

"Quand on y réfléchit, c'est complètement incroyable. Il y a vingt ans pourtant, on nous donnait pour morts", s'étonne le directeur des ventes, Bernd Hillen.

Chaussure mythique des hippies dans les années 1960 puis des écolos dans les années 1980, Birkenstock végétait dans les années 1990. Mais depuis cinq ans, les ventes décollent en Europe, notamment en Grande-Bretagne et en France.

Comment expliquer le regain de popularité de la sandale orthopédique? Le succès est d'autant plus étonnant que le groupe achète très peu de pages dans les magazines et refuse de faire des publicités à la télévision, jugées trop chères.

Birkenstock a en fait profité d'une conjonction de phénomènes favorables. Le renouveau de la tong, au tournant des années 1990-2000, lui a donné un nouveau souffle.

Parallèlement, le groupe a réussi à dépoussiérer son image en lançant en 2002 une collection dessinée par le top model allemand Heidi Klum.

Les nouveaux modèles, avec des coloris plus gais --roses, abricots et jaunes-- des décorations en strass Swarowski et de nouvelles matières, se sont vendus comme des petits pains. Les stars de cinéma, Jennifer Aniston et Gwyneth Paltrow, se sont laissées séduire, élargissant d'autant le cercle des amateurs de la marque allemande.

"Enfin, nous avons bénéficié de la mode actuelle d'un retour aux choses fonctionnelles. Les gens en Europe et aux Etats-Unis ont un peu tout ce qu'ils veulent et reviennent vers des objets pratiques. Et ça, c'est Birkenstock", explique le directeur commercial dans un entretien à l'AFP.

Fondée en 1774 par le cordonnier Johann Adam Birkenstock, l'entreprise a forgé sa réputation dans le monde sur son confortable "lit-de-pied anatomique", une semelle qui épouse la forme du pied, inventée par Karl Birkenstock dans les années 1960.

Depuis cinq ans, les trois fils de Karl, qui se partagent à part égale le capital, ont repris la main. Chacun a sa spécialité. Stefan s'occupe de la logistique, Alex des ventes et Christian de la production.

Ils ont élargi la gamme avec une série de nouveaux modèles sous licence, comme les sandales de trekking Tatami ou les chaussures de marche Footprints.

Le succès est tel que l'entreprise, selon les estimations des analystes, a dépassé les 500 millions d'euros de chiffre d'affaires annuels avec un peu moins de 2.000 salariés au total. Numéro un mondial de la sandale, il pointerait au troisième rang du secteur de la chaussure en général derrière Timberland et Clarks.

Birkenstock, qui partage avec beaucoup d'autres sociétés familiales un goût du secret très marqué, ne publie aucun chiffre. Il refuse également de faire visiter ses usines, secret de fabrication oblige. Cet esprit d'entreprise se communique à tous les salariés, chaussés quasi exclusivement... de Birkenstock.

Autre particularité, le groupe produit uniquement en Allemagne, sur sept sites, alors que l'industrie de la chaussure s'est largement délocalisée dans les pays à bas coût.

"La famille veut rester en Allemagne par conviction. Par ailleurs, le label +made in Germany+ est aussi un excellent argument de ventes", explique M. Hillen.

Deuxième valeur mise en avant par Birkenstock: l'écologie. Il produit exclusivement à partir de plastiques respectueux de l'environnement et de matières naturelles, cuir des Alpes, mais aussi latex et liège pour la semelle. Pour désherber les champs aux abords du siège social, situé en pleine campagne à Vettelschoss près de Bonn (ouest), la famille n'a pas acheté de véhicules agricoles. Mais un troupeau boeufs de race écossaise.

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