Journée de grande finale au procès pour fraude de l'ex-patron de presse canadien Conrad Black et de ses trois coaccusés, au palais de justice de Chicago.

Journée de grande finale au procès pour fraude de l'ex-patron de presse canadien Conrad Black et de ses trois coaccusés, au palais de justice de Chicago.

Après 15 semaines en cour, les jurés devraient commencer ce midi (mercredi) leurs délibérations pour parvenir à un verdict qui, en cas de culpabilité, pourrait envoyer M. Black et trois ex-adjoints derrière les barreaux.

Juste auparavant, les jurés entendront ce matin (mercredi) la fin du plaidoyer de clôture du principal procureur fédéral, Eric Sussman. Ce plaidoyer succède à ceux des avocats de Conrad Black et de ses trois coaccusés.

Ils font face à des accusations de fraude d'au moins 60 M$ US aux dépens de la principale filiale de Chicago de l'ex-groupe de presse Hollinger, établi lui à Toronto.

Ces détournements de fonds seraient survenus par l'entremise de «paiements de non-concurrence» à M. Black et ses ex-associés lors des reventes de journaux par Hollinger International pour une valeur totale de 3 milliards, entre 1998 à 2002.

Mais mardi, dès la première heure de sa plaidoirie finale, le procureur fédéral Eric Sussman a lancé devant les jurés que les avocats de la défense avaient «raté» leurs chances de vraiment contredire les accusations.

«Ils ont tenté de faire dévier le débat sur de présumés motifs de la poursuite à l'égard du train de vie de Conrad Black, ou encore d'accusations fondées complètement sur le témoignage de son ex-associé de longue date, David Radler, en le qualifiant de menteur», a indiqué M. Sussman.

«Mais en fait, ce n'est pas la crédibilité de David Radler qui est l'objet de ce procès. On sait qu'il a menti et fraudé, ce qu'il a reconnu et dont il subira les conséquences. La vraie question de ce procès, membres du jury, c'est que Conrad Black et ses coaccusés savaient ce que tramait David Radler. Ils en ont été complices parce que ça leur rapportait aussi des millions en cachette», a soutenu le procureur.

«Quant au style de vie de Conrad Black, il n'est aucunement en procès devant vous. Ce qui compte, c'est d'où provenait l'argent pour financer ce train de vie. Or, il s'agissait de fonds qui appartenaient à Hollinger International (de Chicago) et ses actionnaires», a poursuivi M. Sussman.

«Pendant des années, Conrad Black et ses coaccusés ont complotépour voler ces fonds de l'entreprise. Ils ont menti aux membres de son conseil d'administration, aux actionnaires de Hollinger International et à ses conseillers externes. Et quand des enquêteurs se sont pointés, ils ont tenté de maquiller les preuves et les documents embarrassants, et n'ont pas fait des erreurs, comme le prétendent leurs avocats.»

À son tour, le procureur fédéral a relancé l'épisode de la sortie de boîtes de documents des bureaux de Hollinger par Conrad Black, qui avait été captée par des caméras de sécurité.

Les avocats de M. Black avaient tenté de minimiser ce geste, alléguant qu'il s'agissait d'effets personnels de M. Black et de documents dont les autorités avaient déjà copie.

Mais pour le procureur fédéral Eric Sussman, ce geste démontre les intentions de Conrad Black d'éviter que des «documents compromettants» se retrouvent aux mains des enquêteurs.

«Pourquoi cet homme qui avait son valet, son chauffeur et qui avaient des centaines d'employés a-t-il pris la peine de sortir ces boîtes lui-même?» a lancé le procureur d'un ton moqueur, en montrant M. Black du doigt.

Plusieurs fois, les propos d'Eric Sussman ont suscité des objections de vive voix de l'un ou l'autre des avocats de Conrad Black et des trois coaccusés.

Mais presque toutes ont été rejetées par la juge Amy St Eve de la Cour fédérale du district de l'IIlinois, qui semble aussi de plus en plus pressée d'envoyer les jurés en délibérations.

Quinze jurés siègent encore en cour, mais 12 seront retenus pour les délibérations finales.

Pour le moment, la durée de ces délibérations suscite maintes spéculations parmi les nombreux journalistes, avocats et analystes judiciaires qui assistent au procès.

Tous doutent cependant que les verdicts sur les divers chefs d'accusation, avec l'unanimité requise des jurés, soient connus avant le congé du 4 juillet aux États-Unis.