La prochaine réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait déboucher sur un nouveau statu quo jeudi malgré l'amélioration des nouvelles sur le front de l'inflation et de la croissance, assurent les analystes.

La prochaine réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait déboucher sur un nouveau statu quo jeudi malgré l'amélioration des nouvelles sur le front de l'inflation et de la croissance, assurent les analystes.

Le principal taux directeur de la banque centrale est fixé à 5,25% depuis un an maintenant, et le comité de politique monétaire (FOMC) se réunit mercredi et jeudi pour réexaminer l'à propos de cet objectif.

Une fois de plus, les marchés ont largement anticipé la décision.

«Dire que la Fed ne va pas changer ses taux directeurs est aussi risqué que de prédire qu'il fera chaud en juillet», estime Joseph Balestrino de la société d'investissement Federated.

«Cela étant, l'environnement financier a beaucoup changé depuis la précédente réunion en mai», ajoute-t-il.

L'économie qui semblait en très mauvaise passe au premier trimestre a donné des signes de vigueur récemment, avec notamment un chômage toujours bas, une vigueur inattendue des ventes de détail et une reprise de l'investissement des entreprises.

Cette embellie a amené les marchés à abandonner l'idée d'une baisse rapide des taux directeurs, qui était dans l'air depuis le début de l'année.

«Les investisseurs pensaient que le FOMC baisserait ses taux fin 2007 ou début 2008. Ils envisagent désormais la possibilité d'une hausse», affirme M. Balestrino.

Si l'économie va mieux, il n'y a aucune raison pour la banque centrale de chercher à lui donner un coup de pouce supplémentaire par le biais de l'argent pas cher.

Le Fonds monétaire international (FMI) a cependant donné un diagnostic plus prudent vendredi. «Un atterrissage en douceur est le scénario le plus probable», mais «la croissance est dangereusement proche de la vitesse de décrochage de 2% associée aux récessions que nous avons connues dans le passé», a-t-il souligné dans son rapport annuel sur l'économie.

Le Fonds a justifié sa prudence par la crise durable de l'immobilier, qui continue d'être une épée de Damoclès sur l'économie américaine.

«La récession de l'immobilier ne semble pas vraiment en passe de se terminer», note Joseph LaVorgna de Deutsche Bank, pour qui «l'équilibre pèse toujours en faveur d'une politique monétaire plus accommodante».

L'autre changement notable depuis la dernière réunion de la Fed est l'infléchissement de l'inflation, qui selon certaines mesures est passé sous la barre symbolique des 2% qui marque le seuil de tolérance non avoué de la banque centrale.

«Cela pourrait permettre à la Fed de retirer le terme d'"élevé" qu'elle utilise pour qualifier l'inflation», estiment les analystes de Lehman Brothers dans une note de conjoncture.

Mais «quelque soit le terme choisi, nous pensons que la Fed va garder sa mise en garde contre l'inflation», ajoutent-il.

Cette prudence s'explique selon eux par divers «signaux d'alerte» sur les pressions inflationnistes à venir : la productivité est en baisse, le coût du travail augmente et la faiblesse du taux de chômage fait redouter des tensions sur les salaires.

De plus, la forte hausse des cours de l'énergie et de l'alimentation menace de se répercuter sur les prix à la consommation, même si jusqu'à présent les entreprises ont préféré rogner sur leurs marges plutôt que faire valser les étiquettes.

«La dichotomie entre les bonnes nouvelles à court terme et les perspectives plus sombres pourrait réserver des surprises aux marchés et cela incitera sans doute la Fed à la prudence», ajoutent les analystes de Lehman.