Le quincaillier Rona (T.RON) sera-t-il bientôt dans la ligne de mire du géant américain Lowe's, qui veut s'implanter et grossir au Canada?

Le quincaillier Rona [[|ticker sym='T.RON'|]] sera-t-il bientôt dans la ligne de mire du géant américain Lowe's, qui veut s'implanter et grossir au Canada?

C'est ce que croient des analystes en commerce de détail et des investisseurs boursiers.

Leurs nouvelles attentes ont fait sursauter les actions de Rona de plus de 3% jusqu'à 23,24$ en mi-séance, lundi, à la Bourse de Toronto.

Elles ont terminé en hausse plus modeste de 1,7%, à 22,89$, mais encore à contre-courant d'un marché fortement baissier.

Un nombre très élevé d'actions de Rona ont changé de mains, plus de 2,6 millions en tout. C'est environ quatre fois plus que leur volume quotidien moyen.

Mais d'où provient cette agitation boursière autour de Rona, après quelques semaines de repli?

Entre autres, du plus récent rapport d'un analyste en commerce de détail réputé à Bay Street: Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins, à Toronto.

«La probabilité d'une transaction entre Lowe's et Rona s'est accrue, elle pourrait survenir d'ici six mois», écrit-il dans sa note distribuée depuis vendredi.

Il augmente son prix cible pour l'action de Rona de 24$ à 26,50$.

L'analyste rehausse aussi sa recommandation à un «achat spéculatif», par rapport à un «maintien en portefeuille».

Si une transaction survenait bientôt entre Lowe's et Rona, Keith Howlett s'attend à un prix «de 29 à 33$» l'action.

Un tel prix signifierait une valeur d'entreprise approchant les 3,3 milliards de dollars pour Rona, presque 800 millions de plus que ce que lui valait sa cote de lundi à Toronto.

Mais pour le moment, admet aussi l'analyste, un tel scénario entre Rona et Lowe's demeure spéculatif.

Du moins, tant que Lowe's n'aura pas terminé la première phase de sa traversée de la frontière, avec l'ouverture de cinq grandes quincailleries en banlieue de Toronto, d'ici la fin octobre.

Lowe's avait annoncé cette implantation il y a deux ans, en juin 2005. Mais sa réalisation a pris «environ six mois de retard», selon Keith Howlett, d'autant que Lowe's a aussi décidé de s'implanter au Mexique.

«Au Canada, Lowe's s'amène en Ontario face à deux concurrents déjà bien établis dans les grandes surfaces: Home Depot et Rona», constate l'analyste.

De plus, souligne-t-il, Rona exploite des enseignes de quincailleries de taille moindre qui ont du succès dans leurs créneaux.

Dans ce contexte, selon l'analyste, «Lowe's a gardé toutes ses options ouvertes» pour la suite de ses ambitions au Canada.

Sa tactique pourrait ressembler à celle de l'arrivée du géant américain de l'électronique Best Buy, il y a quelques années.

Ce gros détaillant avait d'abord décidé d'ouvrir ses premiers grands magasins au Canada avant de changer de vitesse, en achetant son vis-à-vis canadien de l'époque, Future Shop.

Verra-t-on pareil scénario entre Lowe et Rona?

Selon l'analyste Keith Howlett, l'entrée de Lowe's au capital de Rona pourrait lui apporter un savoir-faire en grands magasins qui a fait ses preuves dans un marché très concurrentiel.

En contrepartie, les hauts dirigeants de Rona pourraient hériter du développement international de Lowe's, c'est-à-dire hors des États-Unis.

Au siège social de Rona, à Boucherville, le premier vice-président et chef financier, Claude Guévin, a nié toute discussion avec Lowe's, malgré les spéculations en Bourse.

«Nous ne sommes pas vendeurs, mais plutôt en mode d'expansion à l'interne et par acquisitions, surtout vers l'Ontario et l'Ouest», a souligné M. Guévin.

«Quant à Lowe's, nous savons qu'il s'amène en Ontario avec sa spécialité, les grandes surfaces, et une lecture du marché sans doute comparable à la nôtre. Mais chez Rona, le plan d'affaires est plus diversifié, avec des magasins de diverses tailles, et axé sur le plus long terme.»

Le prochain rendez-vous de Rona avec les investisseurs boursiers aura lieu le 8 août, pour les résultats du deuxième trimestre.

Ils seront très attendus, après la déception du premier trimestre: chute de 45% du profit net, baisse des ventes de magasins comparables (ouverts depuis plus d'un an), croissance inférieure des ventes en dépit des acquisitions.

Les dirigeants de Rona ont attribué ce «trimestre maussade» à des facteurs pires que prévu, comme le ralentissement économique au Québec et en Ontario.

Mais en Bourse, ce mauvais bulletin financier a fait reculer les actions de Rona de presque 10% en quelques jours. Une occasion d'achat, selon des analystes.

Mais aussi un risque d'offre prédatrice pour une entreprise à l'actionnariat très diffus, les actionnaires en question détenant chacun moins de 10% des titres en circulation.