Au royaume de l'hydroélectricité, Gaz Métro fait sa place lentement mais sûrement. Enfin, lentement... l'entreprise a tout de même augmenté de 500% ses parts de marché dans le secteur des nouvelles maisons résidentielles à Montréal depuis la fin des années 90!

Au royaume de l'hydroélectricité, Gaz Métro fait sa place lentement mais sûrement. Enfin, lentement... l'entreprise a tout de même augmenté de 500% ses parts de marché dans le secteur des nouvelles maisons résidentielles à Montréal depuis la fin des années 90!

Et comptez sur Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro depuis février dernier, pour poursuivre sur cette lancée. C'est donc une femme d'affaires pleine d'optimisme qui a répondu aux questions des lecteurs de La Presse Affaires.

Q : Quelles sont vos prévisions sur l'évolution de la demande de gaz naturel au Québec pour les 10 prochaines années? - Mathieu

R : Le gaz naturel connaît de beaux moments au Québec, un marché un peu spécial en raison de la concurrence de l'hydroélectricité. À la fin des années 90, le gaz naturel était utilisé dans seulement 4% des nouvelles maisons de la région de Montréal.

Aujourd'hui, son taux de pénétration est de 20% dans le même secteur. Et il augmentera encore à l'avenir car la population apprécie le confort et les atouts du gaz naturel.

De plus en plus de Québécois comprennent que de chauffer l'eau et l'air à l'électricité n'est pas la meilleure solution au plan économique. Ils se convertissent alors au gaz naturel.

Q : Devrions-nous poursuivre la promotion de l'utilisation du gaz naturel compte tenu de ses effets néfastes sur l'environnement? - Bernard Boisvert

R : Le gaz naturel est le plus propre des combustibles fossiles.

Il faut regarder deux choses: l'émissions de substances polluantes et l'émission de gaz à effet de serre. Le gaz naturel n'émet à peu près pas de polluants. C'est vrai qu'il émet des gaz à effet de serre, mais quand on utilise le gaz naturel pour chauffer l'eau et l'air, on permet u Québec d'exporter son électricité aux États-Unis et en Ontario.

On remplace ainsi du mazout et du charbon, des combustibles très polluants qui émettent des quantités beaucoup plus importantes de gaz à effet de serre (à titre d'exemple, le mazout en émet environ 35% plus que le gaz naturel). Le Québec n'est pas une île.

Si nous utilisons la source d'énergie appropriée selon le contexte, nous contributions à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. C'est bien d'utiliser l'électricité pour faire tourner des moteurs, éclairer des pièces et faire fonctionner des ordinateurs mais le gaz naturel est une meilleure solution pour chauffer l'eau et l'air

Q : Le projet d'un port méthanier à Lévis est-il justifié? - Mathieu

R : Le projet de port méthanier ne se justifie pas par la hausse de la demande de gaz naturel mais par la diversification des sources d'approvisionnement. Le gaz naturel consommé au Québec provient de l'Ouest et passe par un seul transporteur (TransCanada).

Un port méthanier permettrait de diversifier les sources d'approvisionnement. Mettre deux transporteurs en concurrence sera bénéfique pour les consommateurs. Présentement, tous nos oeufs sont dans le même panier.

Dans le cadre du projet de port méthanier, le gaz naturel liquéfié proviendrait du nord de l'Afrique, de la Russie et de la mer du Nord. Cette technologie est utilisée partout dans le monde depuis 40 ans.

Q : Comment envisagez-vous le problème de conciliation travail-famille? - Diane Phaneuf

R : À mon avis, Gaz Métro est dans le peloton de tête des entreprises québécoises qui favorisent la conciliation travail-famille. Depuis quelques années, nos employés syndiqués ont droit à la semaine de quatre jours, en autant qu'ils fassent des journées plus longues.

Les entreprises québécoises devront bientôt penser à un autre aspect de la conciliation travail-famille: la prise en charge de nos parents. Il faudra donner un répit aux employés pour qu'ils s'occupent de leurs parents qui vieillissent. On devient tous un jour les parents de nos parents et ça demande beaucoup d'énergie.

Q : Quel a été votre plus grand défi à la tête de Gaz Métro? - Mathieu

R : Mon arrivée à la tête de Gaz Métro est encore assez récente -mon mandat comme présidente et chef de direction n'a commencé qu'en février dernier. Ce qui m'a le plus surprise, c'est la prise de conscience de tous les besoins de la société québécoise.

Gaz Métro est sollicité pour des causes tout aussi méritoires les unes que les autres: le cancer du sein, le cancer de la prostate, le financement des équipements dans les hôpitaux, le financement des écoles, la lutte contre la pauvreté, etc. Les besoins au Québec sont immenses et nous avons des moyens limités. Le plus difficile, c'est de choisir.

Q : Quels conseils donneriez-vous à une femme qui veut avoir du succès dans le milieu des affaires? - Sophie Leroux

R : Je n'ai pas de conseils particuliers à donner. Je ne me lève pas le matin en me disant: je suis une femme et je vais travailler. De la même façon qu'un homme ne se lève pas en se disant qu'il est un homme et qu'il va travailler.

Par contre, j'ai eu beaucoup de chance de ne jamais avoir eu à vivre de la discrimination. Le meilleur conseil que je donnerais, c'est de travailler fort chaque jour, peu importe qui on est.

Q : Comment la décision du gouvernement fédéral sur les fiducies de revenu affectera-t-elle Gaz Métro? - Huguette Boutin

R : Nous ne sommes pas une fiducie de revenu, mais la décision du ministre Flaherty touche aussi les sociétés en commandite comme la nôtre. Comme toutes les sociétés en commandite, notre titre boursier a été affecté.

Le projet de loi n'a pas encore été adopté par la Chambre des communes. S'il entre en vigueur, nous prendrons les décisions nécessaires pour minimiser son impact. Il faut souligner qu'un investisseur de Gaz Métro obtient tout de même un dividende annuel de 7,5%.

Notre PDG la semaine prochaine: Robert Brown, président et chef de la direction de CAE. Pour poser une question à M. Brown, consulter le site Cyberpresse ou écrivez-nous par courriel à l'adresse suivante: vpouliot@lapresse.ca