Le visage de la presse écrite pourrait changer à Québec.

Le visage de la presse écrite pourrait changer à Québec.

Au journal gratuit Média Matin sans publicité distribué sur semaine à 40 000 exemplaires par les employés lock-outés du Journal de Québec, il pourrait venir s'ajouter plusieurs autres publications au cours des prochaines semaines.

Selon nos informations, la première salve viendrait du Groupe Transcontinental. L'imprimeur coté en Bourse, qui possède déjà cinq titres hebdomadaires publiés dans la région, entend bientôt lancer un superhebdo régional.

Ce nouveau journal serait imprimé à 200 000 exemplaires. Distribuée dans le Public-sac — également propriété de Transcontinental —, la nouvelle publication traiterait d'informations régionales tout en analysant l'actualité de la capitale.

La fin de semaine dernière, Transcontinental a fait paraître plusieurs offres d'emploi dans ses journaux. Elle recherchait notamment des journalistes.

Un porte-parole de Transcontinental n'a pas voulu infirmer ou confirmer la nouvelle. «On ne commente pas les rumeurs», a poliment fait valoir Jean Blouin.

Outre Transcontinental, l'homme d'affaires Roger Landry caresserait toujours l'idée de lancer un quotidien à Québec au cours des prochaines semaines.

Selon les informations qui circulent, le nouveau quotidien jouirait d'un tirage de 10 000 exemplaires et comporterait trois cahiers couvrant l'actualité politique, le divertissement et le sport. Le Soleil a tenté de joindre M. Landry. Il n'a toutefois pas répondu à nos appels.

Ce nouveau quotidien arriverait toutefois dans un environnement passablement achalandé, alors que Le Soleil et le Journal de Québec occupent le terrain.

Choc inévitable

Selon le professeur en journalisme de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) Antoine Char, le phénomène des journaux gratuits est mondial et semble inévitable à Québec. «Ce n'est qu'une question de temps avant d'en voir apparaître un», avance-t-il.

Il cite notamment le cas de plusieurs villes comparables à Québec qui ont vu naître ce genre de publications récemment.

«Ce type de journal survit parce qu'il répond à un besoin des lecteurs. Les journaux payants doivent donc en offrir davantage pour se démarquer.»

Le professeur en journalisme à l'Université d'Ottawa Marc-François Bernier doute pour sa part qu'il y ait de la place pour un troisième quotidien à Québec. «Ça va prendre un groupe avec les reins solides. C'est un marché déjà très serré», fait-il observer.

Car évidemment, la venue de nouveaux joueurs dans le marché de la presse écrite à Québec ne se fera pas sans heurts, estiment des spécialistes de la publicité consultés par Le Soleil.

«Il n'y aura pas de nouveaux annonceurs du jour au lendemain à Québec. Tous ces joueurs devront se battre pour la même assiette publicitaire. Ça va jouer dur», a notamment fait valoir l'un d'eux.

Dans le secteur de la presse écrite, le marché publicitaire de la capitale est estimé à environ 200 M$.

Quebecor, qui publie le Journal de Québec, n'écarte d'ailleurs pas de son côté la possibilité de lancer à son tour dans la capitale un quotidien gratuit. «Il n'est pas impossible qu'on en lance un à Québec», affirmait récemment le porte-parole Luc Lavoie.

Cette offensive de Quebecor servirait, en fait, à protéger le marché publicitaire du Journal de Québec face à la venue d'éventuels compétiteurs.

Quebecor distribue déjà des quotidiens gratuits à Montréal, Ottawa, Toronto, Calgary, Edmonton et Vancouver. Des villes où l'éditeur possède également des quotidiens payants.