On n'attire pas les abeilles avec du vinaigre, dit le dicton. Les grands producteurs d'énergie éolienne non plus.

On n'attire pas les abeilles avec du vinaigre, dit le dicton. Les grands producteurs d'énergie éolienne non plus.

Deux des plus grands producteurs d'énergie éolienne en France, la française EDF Énergies Nouvelles et la québécoise Boralex, sont catégoriques: Hydro-Québec devra payer plus cher si elle veut attirer les leaders de l'industrie éolienne lors du prochain appel d'offres en mai 2007.

À titre de comparaison, l'énergie éolienne se vend 81 % plus chère en France.

«Je pense qu'Hydro devra accepter des prix plus élevés cette fois-ci, dit David Corchia, directeur général d'EDF Énergies Nouvelles. À chaque fois qu'on essaie de faire baisser les prix, on n'a pas la présence des meilleurs développeurs. Après avoir vu les prix du premier appel d'offres, beaucoup de joueurs importants se sont dits qu'ils allaient laisser faire. On espère que tout ça pourra se faire sereinement cette fois-ci.»

Appel d'offres

EDF Énergies Nouvelles n'a pas participé au premier appel d'offres d'Hydro en octobre 2004. Boralex a soumis un projet qui n'a pas été retenu.

La société d'État a acheté 1000 mégawattheures (MWh) au prix de 83 $ par MWh. Le prix de base (qui n'inclut pas les frais de transport et de rattachement) était de 65 $ par MWh.

En France, les producteurs d'énergie éolienne signent des contrats sans appel d'offres au prix de 82 euros par MWh, soit 125,35 $ par MWh en date de vendredi dernier.

Frais de rattachement

Les frais de rattachement au réseau sont à la charge des producteurs.

Selon Boralex, ces frais sont rarement plus élevés que cinq euros par MWh.

«Nous favorisons les projets où le raccordement est le plus près du réseau d'électricité», dit Patrick Decostre, directeur général de Boralex en France.

Les producteurs d'énergie éolienne empochent environ 77 euros par MWh soit 117,70 $ par MWh en date de vendredi dernier en France contre 65 $ par MWh au Québec.

Avec un écart de 81 %, le choix n'a pas été trop difficile à faire chez Boralex.

«Nous avions travaillé sur des projets en même temps au Québec et en France. Nous avons fini par construire toutes nos éoliennes en France. Les prix au Québec nous paraissaient beaucoup trop faibles», dit M. Decostre, à la tête d'un parc éolien de 89 MWh en France.

EDF Énergies Nouvelles et Boralex entendent tout de même tenter leur chance lors du deuxième appel d'offres d'Hydro-Québec, en mai 2007.

Les deux sociétés estiment que les prix auront augmenté depuis l'appel d'offres remporté par les sociétés TransCanada et Northland Energy.

«Nous ne sommes plus dans la même situation, dit M. Decostre. Les prix ont monté de 15 à 20% depuis trois ans. Dans le sud de l'Italie, on offre maintenant jusqu'à 120 euros par MWh.»

Pourquoi une telle hausse: la loi de l'offre et de la demande, tout simplement.

«Lors du premier appel d'offres, la production d'énergie éolienne était stable ou en déclin en Allemagne, au Danemark et en Espagne, qui sont tous de grands consommateurs d'énergie éolienne», dit M. Decostre.

Les producteurs devaient écouler leurs éoliennes. Maintenant, tous les pays d'Europe et d'Amérique du Nord veulent de l'énergie éolienne. Les producteurs ne sont plus capables de répondre à la demande."

Hydro se félicite

Hydro-Québec se félicite d'avoir pu profiter de prix aussi bas lors de son premier appel d'offres.

«Et tout ça en garantissant des emplois en Gaspésie», dit Marc-Brian Chamberland, porte-parole d'Hydro-Québec.

La société d'État garde le cap en prévision du 15 mai prochain, date limite de mise en candidature du deuxième appel d'offres de 2000 MWh.

«Nous y allons avec le prix du marché, dit M. Chamberland. L'appel d'offres est la meilleure méthode car elle permet de faire jouer la concurrence, contrairement à la France et l'Espagne qui ont des prix planchers. Notre premier appel d'offres a permis d'intéresser des joueurs majeurs de l'industrie de l'énergie en Amérique du Nord comme TransCanada et Northland Energy ainsi que General Electrics pour la construction des turbines.»

EDF Énergies Nouvelles est une société inscrite à la Bourse de Paris détenue à 50% par Électricité de France (EDF), l'équivalent d'Hydro-Québec en France. Au 30 juin dernier, son parc éolien produisait 583 MWh.

Des chiffres qui n'impressionnent pas Hydro-Québec.

«En matière d'énergie éolienne, un producteur n'est ni plus ni moins qu'un bailleur de fonds, dit M. Chamberland. Ce n'est pas un spécialiste. Il fait plutôt affaires avec des spécialistes en sous-traitance.»

Boralex, détenue à 43% par Cascades, n'est pas d'accord. «Toutes les éoliennes ne sont pas équivalentes, dit M. Decostre. Il y a des machines qui sont de meilleure qualité que d'autres. Hydro-Québec connaît très bien la différence. Parfois, ces machines coûtent plus cher mais il faut voir à long terme.»