En janvier, ils sablaient le champagne au bord de la mer. Huit mois plus tard, les propriétaires de maisons mobiles de Briny Breezes, en Floride, qui s'étaient chacun fait offrir un million par un promoteur d'origine montréalaise, se retrouvent Gros-Jean comme devant: la transaction immobilière a avorté.

En janvier, ils sablaient le champagne au bord de la mer. Huit mois plus tard, les propriétaires de maisons mobiles de Briny Breezes, en Floride, qui s'étaient chacun fait offrir un million par un promoteur d'origine montréalaise, se retrouvent Gros-Jean comme devant: la transaction immobilière a avorté.

Ces snowbirds, qui vivent en coopérative dans un parc de maisons mobiles, à une vingtaine de kilomètres de Palm Beach, étaient devenus le symbole de ce que l'argent peut, ou ne peut pas acheter.

Combien vaut son coin de paradis, avec vue sur l'océan, entouré de tous ses amis avec qui jouer à la pétanque ou prendre un verre au happy hour quotidien?

Il y avait eu référendum, et l'affaire avait été entendue: 85 personnes avaient dit non à l'offre de Jean-François Roy, PDG d'Ocean Land Investments; 388 personnes avaient sauté sur l'offre d'un million pour chacun (pour des maisons mobiles initialement payées quelques dizaines de milliers de dollars).

La démocratie a parlé: le parc de maisons mobiles serait vendu et transformé en un complexe immobilier haut de gamme.

C'était sans compter sur la crise immobilière qui sévit actuellement aux États-Unis. «Ces temps-ci, la vente de condominiums en Floride, ça ne va pas fort», fait observer Peter Kendrigan, en entrevue téléphonique.

Quand le temps a été venu de déposer les cinq millions inscrits à l'offre d'achat, la firme Ocean Land Investments a demandé une prolongation.

Le conseil d'administration, élu par les propriétaires du parc de maisons mobiles, a refusé et exigé le dépôt là, tout de suite, tel que convenu.

L'offre totale de 510 M$ venait de prendre le bord.

Mark Issenman, vice-président d'Ocean Land Investment (Jean-François Roy n'étant pas disponible pour une entrevue) confirme cette histoire de prolongation refusée, mais nie que ça ait quoi que ce soit à voir avec la crise immobilière en cours.

«Les résidants ne sont pas encore arrivés en Floride pour l'hiver et le conseil d'administration, de peur d'être critiqué, a voulu que l'entente initiale soit respectée à la lettre. C'est sûr que la frustration est à son comble des deux côtés. Pour notre part, nous avions investi des millions pour développer ce projet.»

«Je connais une famille qui, forte de son million anticipé, s'est précipitée pour acheter un condominium et un bateau», explique Roger Bennett, maire de Briny Breezes, évoquant les lendemains difficiles d'une désillusion.

Propriétaire de deux terrains à Briny Breezes, M. Bennett, qui était dans le camp du «oui», aurait lui-même touché deux millions. Il demeure pourtant serein, tablant sur le slogan - à prononcer à l'anglaise - «location, location, location».

En clair: pour une transaction qui a fait patate, plein d'autres se présenteront, croit-il.

«Plusieurs personnes sont déçues, mais pas moi, dit pour sa part Vincent Hulbert, partisan du camp du «non». J'aime le monde, j'aime l'endroit.»

Va pour les millions, mais les enfants peuvent bien patienter encore quelques années avant de toucher à l'héritage.

En attendant, c'est quand, donc, le prochain «garden party» sous les palmiers?