La controverse qui tronçonne les opinions sur les coupes avec protection de la régénération et des sols (CPRS), communément appelés «coupes à blanc», est sauvagement débattue au Québec.

La controverse qui tronçonne les opinions sur les coupes avec protection de la régénération et des sols (CPRS), communément appelés «coupes à blanc», est sauvagement débattue au Québec.

En Mauricie, ces coupes sont pratiquées un peu partout, notamment dans la réserve faunique du Saint-Maurice.

Les industriels et les entrepreneurs privés obéissent depuis 1996 au règlement sur les normes d'intervention dans les forêts du domaine de l'État (RNI), qui est très strict en matière d'intervention en milieu forestier.

«On décide de faire une CPRS sur un territoire donné quand tous les arbres sont arrivés à maturité. La récolte est effectuée en prenant soin de protéger la régénération des jeunes pousses. Si nous sommes assez minutieux dans notre travail, nous ne sommes presque pas obligés de reboiser», affirme Gaston Villeneuve, surintendant aux opérations forestières chez Kruger.

Nicolas Mainville, biologiste pour la Société pour la Nature et les Parcs (SNAP), affirme qu'il est difficile d'être en accord avec ces normes d'intervention.

«Malheureusement, les industries n'ont vu que l'attrait du profit à court terme. Actuellement, les coupes sont faites à 90 % sous forme de CPRS. On considère que faire la gestion de la forêt n'est pas seulement de la couper, mais aussi de gérer les méthodes de coupes, de manière à diminuer les impacts. Je n'ai absolument rien contre la coupe forestière comme telle, mais je crois qu'il y a des moyens de minimiser les impacts sur la forêt qui permettent de l'exploiter à long terme», soutient Nicolas Mainville du SNAP.

Les CPRS vs les impacts

Les impacts observés ne sont pas nécessairement attribués à la CPRS en elle-même, mais bien à sa répartition sur le territoire.

«Au Québec, 84 % de nos forêts publiques sont exploitées par l'industrie forestière. Sur ce 84 %, environ 85 % a été coupé au moins une fois et surtout sous forme de CPRS. On note que les effets sont surtout sur les sols, sur l'hydrographie et sur la structure d'âge de la forêt», indique M. Mainville.

Par exemple, les impacts sur les sols sont majeurs, car on observe une augmentation du niveau d'érosion et de la température ainsi qu'une accélération dans la perte de matières organiques.

«C'est certain que chaque action a ses conséquences. Après les années, on a observé que c'est le premier passage de la machinerie qui est dommageable. C'est pourquoi les compagnies essaient de remédier au problème en faisant des chemins pour la coupe et ils empruntent toujours les mêmes», précise Simon Fortier, ingénieur forestier pour l'association forestière de la Vallée du Saint-Maurice.

Cependant, des impacts positives sont également observables. «En ayant moins d'arbres, cela profite à certaines espèces animales pour la nourriture. L'aménagement des chemins en forêt est en partie entretenu par les compagnies, le public a la chance de pouvoir s'en servir. De plus, approximativement 7900 emplois sont reliés à l'exploitation forestière en Mauricie«, expose Simon Fortier.

Certifications forestières

Afin de s'assurer d'une bonne gestion forestière, les compagnies adhèrent à des certifications: CSA et FSC. Ici encore, deux écoles de pensée se confrontent. La Canadian Standards Association (CSA) est la certification à laquelle adhère par exemple, la compagnie Kruger.

«À mon avis, CSA a un regard environnemental moins crédible, car ce sont les compagnies qui fixent les critères. Les normes sont donc beaucoup plus maléables. C'est comme poser et corriger soi-même les questions dans un examen, et se donner la note à la fin», mentionne Nicolas Mainville du SNAP.

L'autre est la Forest Stewarship Council (FSC), c'est la certification du milieu forestier que préfère les mouvements environnementalistes. Toutefois, il n'est pas simple de l'obtenir.

«Avec FSC nous arrivons avec des donnés plus justes puisque les critères sont rigoureux et que c'est un audit indépendant qui fait le travail.»

Au Québec, les compagnies qui se démarquent le plus sont Tembec et Domptar, qui possèdent plus d'un million d'hectares certifiés FSC.