Même si les conditions de crédit se resserrent cet été, Québec prévoit réaliser sans difficulté son programme d'emprunts de plus de 13 milliards pour réaliser son plan budgétaire. Mais les prochains emprunts devraient se faire à des taux plus élevés.

Même si les conditions de crédit se resserrent cet été, Québec prévoit réaliser sans difficulté son programme d'emprunts de plus de 13 milliards pour réaliser son plan budgétaire. Mais les prochains emprunts devraient se faire à des taux plus élevés.

Il en coûte plus cher pour emprunter aujourd'hui qu'au printemps.

«Au mois de mai, l'écart de rendement entre une obligation du Québec et celle du Canada venant toutes deux à échéance dans 30 ans s'élevait à 48 points de pourcentage, explique Yvan Fontaine, premier vice-président et chef de l'investissement chez Addenda Capital, un important gestionnaire institutionnel de portefeuilles obligataires. Depuis, l'écart s'est élargi à une soixantaine de points.»

La semaine dernière, Hydro-Québec a réalisé un emprunt de 500 millions sur le marché canadien. La série d'obligations donne un rendement de 5,029% à l'échéance en 2045. L'obligation canadienne venant à échéance en 2033 offrait alors un rendement de 4,429% sur le marché.

«C'est pas énormément plus cher, mais ça rend les choses un peu plus compliquées pour les émetteurs», poursuit M. Fontaine.

À ce jour, Québec a déjà satisfait 62% de ses besoins d'emprunts pour l'exercice financier 2007-2008. Au ministère des Finances, on a d'abord profité des conditions exceptionnellement avantageuses de l'automne dernier pour emprunter par anticipation.

On est ainsi allé chercher 6,069 milliards en 2006-2007 pour combler les besoins financiers du présent exercice.

Au 1er avril, il restait encore 5,167 à financer. À cette somme, s'ajoutaient les deux milliards que Financement Québec doit trouver sur les marchés pour répondre aux besoins des institutions de santé, d'éducation et de services sociaux.

En date du 25 juillet, Québec avait émis pour 1,88 milliard de nouveaux titres de dettes, soit un peu plus du tiers de ce qu'il doit emprunter d'ici au 31 mars prochain. Cela s'est matérialisé par neuf émissions sur les marchés dont la taille varie entre 30 et 500 millions et l'échéance, de 10 à 70 ans.

Pour Financement Québec, le gouvernement est moins avancé avec une seule émission de 250 millions en poche.

«Actuellement, nous ne sommes pas en situation catastrophique», répond d'abord Jacques Delorme, responsable des relations avec les médias au ministère des Finances. Puis il rectifie: «En fait, on est très à l'aise.»

Jusqu'à la fin juin, les conditions d'emprunt s'étaient encore améliorées. Quand l'annonce du rachat de BCE a été faite à la fin mai, plusieurs investisseurs ont choisi de liquider une partie de leurs obligations corporatives pour se réfugier dans les titres gouvernementaux jugés plus sûrs.

L'écart entre une obligation du Québec et celle du Canada qui sert d'étalon s'élevait à 56 points au 31 décembre. Au 21 mai, il s'était rétréci à 48 points.

La crise internationale du crédit qui s'est déclenchée fin juillet a renversé la tendance, explique M. Fontaine.

L'aversion du risque fait loi. Désormais, le Québec, tout comme l'Ontario, doit concurrencer des émetteurs étrangers qui viennent se financer ici où le capital est assez abondant.

Des obligations étrangères AAA libellées en dollars canadiens (les Maple bonds dans le jargon financier) offrent des écarts comparables à celles du Québec, seulement notées Aa2 par Moody's ou A+ par Standard & Poor's.

«Ce sont des titres très intéressants pour diversifier son portefeuille, même s'ils sont un peu moins liquides si on désire les vendre avant leur date d'échéance», résume M. Fontaine.

Bref, Québec devra payer un peu plus cher pour combler son besoin d'argent.

Fin 2007, la dette totale du gouvernement dépassera les 122 milliards, lit-on dans le Plan budgétaire déposé par la ministre des Finances Monique Jérôme-Forget le 24 mai.

Si on ajoute celle des réseaux de la santé, de l'éducation et des services sociaux, celle d'Hydro-Québec et des autres entreprises du gouvernement de même que celle des municipalités et de leurs organismes, on obtient la bagatelle de 191,7 milliards. Cela équivaut à un peu plus des deux tiers de la taille de l'économie de la société distincte.