Le PDG de la Bourse de Montréal (T.MXX), Luc Bertrand, s'est dit «déçu», jeudi, du plan des conservateurs sur les changements climatiques, qui complique le projet de l'institution de lancer un marché du carbone.

Le PDG de la Bourse de Montréal [[|ticker sym='T.MXX'|]], Luc Bertrand, s'est dit «déçu», jeudi, du plan des conservateurs sur les changements climatiques, qui complique le projet de l'institution de lancer un marché du carbone.

«Ça ne vous surprendra pas, mais on est un peu déçus de la politique du gouvernement fédéral», a déclaré M. Bertrand lors d'une allocution prononcée devant le Cercle de la finance internationale de Montréal.

«On s'attendait à ce que ça soit une politique plus alignée avec les attentes de Kyoto», a-t-il ajouté.

Dans son plan dévoilé le mois dernier, le gouvernement de Stephen Harper s'est contenté de promettre une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020, par rapport au niveau de 2006.

Or, l'engagement du Canada au titre du protocole est plus exigeant: une réduction de 6% des émissions par rapport à 1990, et ce dès 2012.

De plus, le plan conservateur ne fixe pas de cibles de réductions absolues, mais plutôt des objectifs par unité de production, de sorte que les émissions pourront augmenter si l'économie continue de progresser à bon rythme.

«Malheureusement, on trouve que les cibles ne sont pas assez fortes», a souligné Luc Bertrand.

Le problème, pour la Bourse de Montréal, c'est que des cibles moins ambitieuses n'encourageront pas les entreprises canadiennes à s'échanger des crédits de carbone.

C'est sans compter que les pénalités sont beaucoup moins élevées au Canada (environ 15 $ la tonne de carbone) qu'en Europe (près de 45 euros la tonne, soit environ 65 $) pour les sociétés qui ne respectent pas leurs cibles.

Résultat: l'intérêt du Marché climatique de Montréal, que la Bourse veut lancer en partenariat avec la Chicago Climate Exchange, est moins grand qu'il pourrait l'être.

«Ce ne sont pas les meilleures conditions pour créer de la liquidité, et sans cette liquidité-là, il est difficile de créer un marché», a relevé M. Bertrand.

«On pourrait, à court ou moyen terme, avec ce qui a déjà été annoncé par le gouvernement fédéral, lancer un marché, a-t-il assuré. La problématique, c'est de tenter de voir jusqu'à quel point il va y avoir une bonne liquidité en tenant compte des paramètres qu'on nous a donnés.»

Cela fait trois ans que la Bourse de Montréal travaille sur son projet de marché du carbone. Ces derniers mois, les représentants de la Bourse ont multiplié les rencontres avec les entreprises qui sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre, tout en poursuivant les pourparlers avec les fonctionnaires d'Environnement Canada.

«On n'est pas pour lancer quelque chose si ça ne répond pas aux besoins des usagers», a expliqué Luc Bertrand, en notant toutefois que jusqu'ici, «les échos sont bons».

«Une politique, ça se change; un gouvernement, ça se change», s'est-il même permis de glisser, refusant par contre d'avancer une date pour l'inauguration du Marché climatique de Montréal.

Le danger qui guette le Canada, selon M. Bertrand, c'est que les échanges sur les crédits de carbone ne voient jamais le jour au pays.

«On déplore le fait que le marché, qui devrait être un marché canadien pour les entreprises canadiennes, (risque) de ne pas rester au Canada», a-t-il dit.

Le TSX à l'écoute

La Bourse de Montréal, qui est inscrite à la Bourse de Toronto depuis quelques semaines, continue de se préparer à l'arrivée éventuelle de sa rivale dans le secteur des produits dérivés, annoncée pour 2009.

Jeudi midi, des représentants du Groupe TSX écoutaient attentivement le discours de Luc Bertrand au Mount Stephen Club.

La Bourse compte accroître ses revenus en gagnant de nouveaux clients de par le monde, mais aussi en commercialisant sa plate-forme transactionnelle électronique, Sola. Jusqu'à présent, malgré la signature de protocoles d'entente avec quatre Bourses chinoises, aucune vente n'a été conclue.

Le titre de la Bourse de Montréal, qui a ouvert à 45 $ lors de son entrée en Bourse, le 27 mars, a clôturé jeudi à 38,96 $, en baisse de 1,6% par rapport à mercredi.