Les petites sociétés privées canadiennes pourraient échapper aux normes comptables internationales, qu'elles jugent trop compliquées et coûteuses pour leurs besoins.

Les petites sociétés privées canadiennes pourraient échapper aux normes comptables internationales, qu'elles jugent trop compliquées et coûteuses pour leurs besoins.

Le Bureau des normes internationales comptables, établi à Londres, étudie la possibilité de créer des règles propres aux compagnies au capital fermé, à l'heure où le Canada prépare son passage à la comptabilité internationale.

Et le Conseil des normes comptables du Canada s'apprête à consulter les sociétés privées sur leurs souhaits.

«Plusieurs résisteraient si on leur imposait les mêmes règles qu'aux compagnies publiques», estime le président du Conseil, Paul Cherry. La perception générale jusqu'ici, c'est qu'elles sont trop lourdes.»

Mondialisation oblige, les normes comptables canadiennes disparaîtront en 2011 et la période de transition vers le système international, développé en Europe, est commencée depuis l'an dernier. Un changement qui fait craindre à des compagnies privées de perdre de la souplesse dans leur comptabilité.

«Une série de dispenses existent en ce moment lorsque le public investisseur n'est pas menacé par la gestion d'une compagnie», explique Simon Prévost, porte-parole de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, un organisme qui militait déjà pour l'allégement du fardeau réglementaire de ses membres.

«Des normes allégées nous permettraient de souffler», résume M. Prévost.

«Beaucoup de compagnies nous disent qu'elles n'ont pas besoin des normes internationales, et elles ont raison en partie», indique Robert Lefrançois, de la firme Samson Bélair/Deloitte & Touche.

Mais une comptabilité allégée pourrait aussi avoir l'inconvénient de creuser le fossé entre compagnies publiques et privées.

«Elle pourrait créer une situation où c'est difficile de passer d'une catégorie à l'autre», avertit M. Lefrançois.

Selon lui, l'intérêt pour la comptabilité internationale vient de s'éveiller au Canada, l'échéance de 2011 s'approchant tranquillement.

«Les firmes se lancent dans des séries de formation», rapporte-t-il.

M. Lefrançois siégeait au conseil d'administration du Conseil des normes comptables au moment où celui-ci s'est enligné sur les normes mondiales.

«On n'avait pas vraiment le choix de parler le même langage que les autres, explique-t-il. Autrement, on maintenait une barrière à la libre circulation des capitaux. Mais un des désavantages, c'est que les decisions se prennent à Londres, on perd de notre autonomie.»

Le Conseil a opté pour les règles internationales plutôt qu'américaines au terme de consultations du milieu canadien des affaires. Il juge ces normes plus simples et fait valoir que les Américains montrent eux-mêmes de l'intérêt à s'y convertir.

Mais certaines sociétés publiques proches des États-Unis craignent que ce choix nuise à leur accès au marché américain.