Les investisseurs étrangers ont fui les titres américains en août, préférant prendre leurs distances devant l'aggravation des tensions sur le marché du crédit.

Les investisseurs étrangers ont fui les titres américains en août, préférant prendre leurs distances devant l'aggravation des tensions sur le marché du crédit.

La balance américaine des capitaux a accusé un déficit record en août de 69,3 G$ US, après un excédent de 19,5 G$ US en juillet, a annoncé mardi le Trésor américain.

C'est une grosse déception pour les analystes qui tablaient sur un excédent de l'ordre de 60 G$ US.

Après avoir affiché de très forts excédents jusqu'au moins de juin, la demande pour les titres américains s'est ainsi effondrée pour la première fois depuis la crise liée à la faillite du fonds Long Term Capital Management (LTCM), en septembre 1998.

Les analystes voient dans cette chute la conséquence directe de la crise du crédit qui a culminé en août.

«Ce n'est pas vraiment une surprise, compte tenu des conditions de crise qui ont prévalu sur les marchés financiers américains et européens en août», note Brian Bethune du cabinet Global Insight.

En août, presque toutes les catégories de titres ont affiché un solde négatif: -2,6 G$ US pour les bons du Trésor, -40,6 G$ US pour les actions d'entreprises, -1,2 G$ US pour les obligations.

Mais les analystes notent aussi que la moitié du déficit provient de l'achat, par les investisseurs américains, de titres étrangers.

«Il y a depuis un certain temps une tendance à la diversification mondiale de la part des investisseurs américains, mais la tendance s'est accrue en août», estiment les analystes de la Société Générale à New York.

Pour eux, il est fort probable que les prochains chiffres de la balance des capitaux, en septembre, marqueront un certain renversement de tendance, compte tenu de la normalisation de certains marchés financiers.

Certains analystes notent aussi que les mauvais chiffres s'expliquent en partie par une forte demande en dollars de la part des banques étrangères.

«Les chiffres d'août nous apportent une preuve du pouvoir du dollar», affirme Robert Brusca de FAO Economics, alors que le taux de change du billet vert risque de faire l'objet d'âpre discussions lors du prochain G7 Finances, vendredi à Washington.

Il n'en reste pas moins que ce rapport soulève des inquiétudes.

«C'est un signal d'avertissement», estime Brian Bethune.

«L'altération constante de la qualité crédit pour les titres adossés à des emprunts hypothécaires porte en elle le risque de sévères perturbations des marchés financiers», selon l'analyste.

La question est maintenant de savoir si les investisseurs étrangers reviendront acheter les obligations d'entreprises américaines, mais aussi celles du Trésor, une fois tournée la page de la crise financière.

«Ce rapport illustre la vulnérabilité de l'économie américaine qui a besoin d'exporter quelque 60 milliards de dollars d'actifs financiers chaque mois pour financer son déficit commercial», note la Société Générale.

Des signes encourageants sont toutefois perceptibles sur ce front: en août, le déficit commercial a reculé de 2,4% à 57,6 G$ US, et sa tendance à la contraction font que les États-Unis pourraient, pour la première fois en six ans, voir leur déficit reculer cette année.