Face à la vague actuelle de fusions-acquisitions, le Fonds de solidarité FTQ croit qu'il peut jouer un certain rôle pour aider les PME à garder une présence importante au Québec malgré une prise de contrôle par des intérêts étrangers.

Face à la vague actuelle de fusions-acquisitions, le Fonds de solidarité FTQ croit qu'il peut jouer un certain rôle pour aider les PME à garder une présence importante au Québec malgré une prise de contrôle par des intérêts étrangers.

«C'est évident que notre investissement, généralement, est minoritaire», a déclaré le président-directeur général du Fonds, Yvon Bolduc, en conférence de presse, mardi.

«On ne contrôle donc pas la prise de décision finale d'une vente d'entreprise. Par contre, on peut l'influencer (...) pour s'assurer qu'on maintienne une présence importante, des emplois et, le plus possible, le centre de décisions au Québec.»

Comme le Fonds ne peut agir seul, les gouvernements devraient songer à intervenir pour protéger les sociétés canadiennes, a estimé M. Bolduc.

«C'est (un) principe qu'il faut examiner», a-t-il dit, se montrant tout de même réaliste.

«Si on est capables de faire quelque chose pour maintenir la propriété québécoise et canadienne des entreprises, tant mieux. Si c'est onéreux et que ça n'a aucun sens économique, on ne défendra pas l'indéfendable. (...) On a une certaine forme de nationalisme, mais ce n'est pas un nationalisme irrationnel. Je pense qu'il nous faut être mesurés et être capables de jouer à armes égales, c'est tout.»

C'est dans cette optique que le Fonds a pris une participation minoritaire «stratégique» dans Van Houtte, le torréfacteur québécois dont le contrôle vient de passer au fonds privé d'investissement américain Littlejohn. La transaction doit être bouclée au cours des prochaines semaines.

«Le fait qu'on soit là, ça peut certainement favoriser certaines décisions qui pourraient être favorables au Québec, a soutenu Yvon Bolduc. Autrement, on n'aurait eu aucun pouvoir.»

Le pdg ne croit d'ailleurs pas à la viabilité des sièges sociaux partagés entre deux villes, modèle récemment proposé par Alcoa dans son offre d'achat publique pour Alcan.

«À terme, la réalité, quand une acquisition est faite, je pense qu'il y a un objectif de réduire les coûts», a estimé M. Bolduc.

Investissements records

Le Fonds de solidarité a investi une somme record de 665 M$ dans les entreprises québécoises en 2006-07, soit 22 M$ de plus que l'année précédente, a révélé Yvon Bolduc.

Plus de 140 PME et fonds régionaux ont profité des investissements du Fonds, dont plus de 90 nouveaux venus.

Quelque 80 % des investissements sont allés aux secteurs traditionnels (ressources naturelles, consommation, aéronautique, construction, services, transport, immobilier), tandis que les 20 % restants ont été consacrés aux secteurs des technologies de l'information et des sciences de la vie.

Fait intéressant, la société de capital-risque n'a rien investi cette année dans le secteur de la forêt, pourtant en crise. En septembre dernier, le président de la FTQ, Henri Massé, reprochait au gouvernement de ne pas en faire suffisamment pour aider le secteur à se relever, en admettant que les investissements passés du Fonds dans les entreprises forestières avaient été un «grand coup d'épée dans l'eau».

Mardi, les dirigeants du Fonds de solidarité ont affirmé qu'ils attendaient que l'industrie forestière se consolide davantage avant d'investir à nouveau dans le secteur.

Au cours des trois dernières années, le domaine du capital de risque au Québec s'est transformé, a indiqué Jacques Bernier, un des vice-présidents du Fonds. Jadis moribond, affligé par «des pratiques qui n'étaient pas les meilleures sur la planète», le capital de risque québécois a repris du poil de la bête.

Le Fonds de solidarité a confié plusieurs millions de dollars à des fonds régionaux et à des fonds internationaux qui investissent à leur tour dans des entreprises québécoises, en y ajoutant des capitaux privés. Résultat: l'investissement moyen par entreprise a bondi.

«Avant, on espérait créer, avec notre petit 2 M$, des compagnies de classe mondiale, a raconté M. Bernier. Ca ne pouvait pas fonctionner. On voit aujourd'hui un changement majeur. Le niveau a augmenté de façon importante.»

Le Fonds ne dévoilera que dans un mois le rendement de l'exercice terminé le 31 mai. Au premier semestre, terminé le 30 novembre, le rendement s'était élevé à 2,7 %.

«Je pense que nos actionnaires vont être satisfaits», a avancé Mario Tremblay, vice-président aux affaires publiques et communications du Fonds.

Le Fonds, qui dispose d'un actif de 6,8 G$, annoncera également le nouveau cours de son action au début juillet. Il est actuellement de 24,32 $.