«Les médias imprimés traversent une période de turbulences, mais ce n'est pas une crise.»

«Les médias imprimés traversent une période de turbulences, mais ce n'est pas une crise.»

Selon Luc Desjardins, président et chef de la direction de Transcontinental [[|ticker sym='T.TCL.A'|]], premier imprimeur canadien et sixième en Amérique du Nord, l'imprimé subit une transformation rapide depuis plusieurs années, comme de nombreuses autres industries d'ailleurs.

Après un déjeuner causerie devant le Cercle finance et placement du Québec, Luc Desjardins a précisé à La Presse Affaires qu'il cible 20 grands quotidiens américains pour signer des contrats d'impression de 15 ans.

Ces quotidiens doivent décider d'ici un an et demi ou deux ans s'ils vont investir eux-mêmes dans de nouvelles presses ou donner un contrat à un imprimeur spécialisé, explique le président.

Transcontinental vient d'ailleurs de décrocher un contrat de 1 milliard US, sans inclure le prix du papier journal d'un montant égal, pour imprimer les 400 000 exemplaires du San Francisco Chronicle, le leader de son marché. Pour rentabiliser une imprimerie de 220 millions US, Transcontinental a obtenu une garantie d'impression de 15 ans.

À Pointe-aux-Trembles, Transcontinental a construit une imprimerie en 2003 pour imprimer le quotidien La Presse durant 15 ans aussi. Les 20 quotidiens américains ciblés pourraient apporter à Transcontinental un contrat par année pour l'impression de 200 000 à 500 000 exemplaires par jour.

L'imprimeur de Montréal tire déjà «près du tiers de ses revenus d'impression des États-Unis, d'où proviendra en très grande partie la croissance future», selon Luc Desjardins. Le potentiel est également grand dans le marketing direct aux États-Unis et le lancement de nouveaux médias au Canada, dit-il.

Avec la Compagnie de la Baie d'Hudson, Transcontinental vient de signer un contrat de 350 millions de cinq ans, pour l'impression de toutes les circulaires de La Baie, Zellers et Déco Découverte. Cela inclut 75 millions de revenus additionnels, précise le président, qui occupe 60 % de ce créneau de marché au Canada.

Transcontinental va être un consolidateur de l'industrie de l'imprimerie et, à cette fin, l'entreprise fondée par Rémi Marcoux peut disposer de «plusieurs centaines de millions de dollars» pour procéder à des acquisitions, indique Luc Desjardins. Son bilan est solide avec «un ratio dette-capital propre de 28%. Transcontinental a la capacité et reçoit des offres. Son équipe de fusions et acquisitions compte trois spécialistes», dit-il.

Après avoir acheté Chenelière Éducation, en août dernier, plus important éditeur d'ouvrages pédagogiques en français au Canada, Transcontinental n'a pas d'autres acquisitions de ce type en vue, a dit Luc Desjardins, même si «c'est déjà un succès». La Chine devrait s'emparer de certains contrats d'impression de livres à grand tirage et pour enfants qui exigent beaucoup de main-d'oeuvre, selon lui.

Même si l'avenir de l'imprimé n'inspire aucune crainte à son président, Transcontinental mise gros sur le Web et les multiples plateformes numériques depuis deux ans.