Le débat suscité à Ottawa à propos des frais des guichets bancaires automatisés est trompeur et «trop politisé», selon le président de la plus grande banque au Canada.

Le débat suscité à Ottawa à propos des frais des guichets bancaires automatisés est trompeur et «trop politisé», selon le président de la plus grande banque au Canada.

Et si ce débat menait à des règles tarifaires spéciales pour les guichets automatisés, «les Canadiens pourraient voir toutes sortes d'effets contraires» sur les services bancaires auxquels ils ont accès, y compris des frais majorés ailleurs.

Le président de la Banque Royale (RBC), Gordon Nixon, a fait ces commentaires après l'assemblée des actionnaires, vendredi à Toronto, durant laquelle il a présenté des résultats financiers record.

C'était aussi à quelques jours d'une réunion des hauts dirigeants de banques qui a été convoquée à Toronto par le ministre fédéral des Finances. En tête de l'ordre du jour connu du ministre Jim Flaherty, lundi: les frais d'utilisation des guichets, qui seraient des plus élevés parmi les pays industrialisés, selon des politiciens fédéraux.

En fait, c'est le chef néo-démocrate Jack Layton, député d'une circonscription torontoise, qui a lancé un débat sur les frais des guichets en janvier dernier. Parmi les chiffres qu'il a décriés aux médias, M. Layton soutenait que les Canadiens paient plus de 400 millions par an en frais de guichets. Aussi, ces frais par transaction seraient beaucoup plus élevés au Canada qu'aux États-Unis et en Grande-Bretagne, notamment.

Or, à l'étonnement du milieu bancaire, le ministre conservateur Jim Flaherty s'est emparé des arguments du chef néo-démocrate.

Et après avoir dit aux Communes avoir obtenu une «réponse insatisfaisante» des banques à propos de ces frais, le ministre des Finances a convoqué leurs dirigeants en réunion spéciale.

Elle aura lieu dans deux jours alors qu'à Ottawa, le Comité parlementaire des finances délibère de la mise à jour de la loi fédérale des banques.

Pour le plus important banquier au Canada, Gordon Nixon, de RBC, ce débat est devenu un ballon politique. «Ça a été lancé à des fins politiques, et c'est basé sur des informations erronées. Quant on prétend qu'il n'y a pas ou peu de frais de guichet aux États-Unis, c'est faux! Les frais américains sont en fait supérieurs de 15 % en moyenne à ceux du Canada», a indiqué M. Nixon, devant la presse financière.

«Par ailleurs, juste chez nous à RBC, 80 % de nos clients ne paient pas de frais pour l'usage de nos guichets. Ça serait la même chose pour la majorité des Canadiens, selon des groupes comme l'Association des consommateurs.»

«À lui seul, RBC a presque 4000 GBA hors de ses succursales, à la grandeur du Canada. Le développement et la gestion d'un tel réseau sont très coûteux», a indiqué M. Nixon. «Si l'on impose une réglementation tarifaire, le niveau de service auquel les Canadiens sont habitués pourrait être affecté.»

Mais comme les autres banques, la Royale ne précise pas dans ses états financiers la part de ses revenus et de ses coûts qui sont attribuables à son réseau de 3872 guichets, dont 603 au Québec.

Des résultats records

Néanmoins, la banque a encore démontré hier, avec ses résultats du premier trimestre 2007, qu'elle se démarque avantageusement parmi ses pairs.

Le groupe RBC a dégagé un autre profit trimestriel record, soit 1,49 milliard, en hausse de 28 % en un an. Le rendement de ses capitaux propres a atteint 27,3 %, trois points de plus qu'il y a un an. Quant aux revenus trimestriels de RBC, ils étaient aussi en hausse appréciable pour une entreprise de cette taille : 15 % de plus, à 5,7 milliards. Devant les actionnaires, les hauts dirigeants de RBC ont fait belle impression en majorant encore son dividende trimestriel. La hausse de 15 % à 46 cents par action est même la plus forte depuis 10 ans. L'action de RBC, elle, était en hausse de 1,8 % à 54,86 $.