La plus vieille entreprise de commerce au Canada, la Compagnie de la Baie d'Hudson, fonctionne de mieux en mieux soutient son nouveau propriétaire, l'homme d'affaires américain Jerry Zucker.

La plus vieille entreprise de commerce au Canada, la Compagnie de la Baie d'Hudson, fonctionne de mieux en mieux soutient son nouveau propriétaire, l'homme d'affaires américain Jerry Zucker.

Échange par courriel plutôt qu'une entrevue directe parce que Jerry Zucker, entrepreneur multimillionnaire, préfère éviter les médias.

«Avant de répondre à vos questions, je veux souligner que HBC est une entreprise canadienne remarquable qui a aussi des liens très étroits avec le Québec.»

«Parmi vos lecteurs, plusieurs ignorent peut-être que la suprématie (d'antan) de HBC dans le commerce des fourrures fut le fruit d'une fusion, en 1821, entre la Compagnie de la Baie d'Hudson et la Compagnie du Nord-Ouest, basée à Montréal.»

«Cette présence dans la fourrure et le développement de routes commerciales dans toute l'Amérique du Nord a constitué le fondement des activités de détail de HBC.»

«Nous avons donc des racines très profondes au Québec, où nous comptons environ 10 000 employés, exploitons plus de 80 magasins et insufflons chaque année des centaines de millions de dollars dans l'économie.»

QUESTION: Après ce préambule, M. Zucker, quels sont les changements les plus importants survenus chez HBC depuis votre acquisition?

REPONSE: La transformation de HBC ne fait que commencer, mais nous savons que le commerce de détail est un secteur où l'évolution se doit d'être rapide.

Les changements visent deux objectifs principaux : rehausser le niveau de service offert aux clients et améliorer la performance globale de l'entreprise.

Afin d'accroître notre efficacité, nous avons implanté une nouvelle plate-forme technologique afin de mieux gérer nos stocks et avoir une sélection d'articles plus attrayants dans les rayons.

Le commerce de détail a un côté beaucoup plus " scientifique " qu'autrefois. Nous pourrons maintenant nous appuyer sur notre nouvelle technologie de commerce de détail de précision.

Plusieurs initiatives sont aussi en cours pour rehausser l'expérience que vivent les clients qui fréquentent nos magasins.

Entre autres, nous introduisons de nouveaux articles de mode de marques privées. Nous améliorons le service aux clients chez La Baie, et dans toute l'organisation.

Une initiative qui me tient particulièrement à coeur est celle visant à " localiser " nos magasins. Il s'agit d'être plus attentif aux particularités des collectivités où se situent nos magasins, afin d'établir des stratégies de commercialisation et d'inventaires qui répondent aux besoins locaux.

QUESTION: Et au Québec?

REPONSE: L'automne dernier, nous avons convié des designers et des fournisseurs du Québec à une rencontre avec quelques-uns de nos acheteurs et avec nos directeurs de magasin dans la province.

Ce fut un grand succès : plus de 135 fournisseurs québécois ont répondu à l'invitation. Les nouveaux produits de plusieurs d'entre eux sont maintenant offerts dans nos magasins.

Nous offrons une grande variété de marques appréciées du public québécois, mais beaucoup moins connues hors de la province.

Nous voulons affecter plus d'acheteurs à la seule sélection d'articles en provenance du Québec.

Par ailleurs, un aspect que je souhaite beaucoup améliorer au Québec est le nombre de pharmacies dans nos magasins.

Ailleurs au Canada, nous avons des pharmacies dans la plupart de nos magasins Zellers.

Mais au Québec, la réglementation particulière pour les pharmacies s'est avérée un défi pour réaliser ce projet d'expansion.

QUESTION: Dans tout HBC, quels sont les gros obstacles encore à surmonter?

REPONSE: Je me permets de rectifier votre question pour parler non pas d'obstacles, mais d'occasions. (Comme vous le savez, bien des problèmes dissimulent en fait des possibilités de croissance.)

Nous avons une excellente occasion d'améliorer encore notre service à la clientèle, d'introduire de nouvelles marques et concepts, et de privilégier les besoins locaux en faisant contribuer les associés des magasins aux décisions de gestion, car ce sont eux qui côtoient la clientèle.

En résumé, nous estimons avoir tout le potentiel voulu pour rehausser considérablement l'expérience de magasinage de nos clients. Rien de majeur ne devrait nous en empêcher.

La plupart de nos associés ont nos affaires à coeur et veulent sincèrement améliorer l'environnement dans lequel nos clients font leurs achats.

QUESTION: Que comptez-vous faire avec le nombre de magasins, le nombre d'employés? Réduire, stabiliser ou augmenter?

REPONSE: En ce qui concerne les magasins, HBC possède le portefeuille immobilier le plus exceptionnel du Canada, et parmi les meilleurs du monde pour un détaillant d'envergure nationale.

Donc, pas de changements majeurs à notre base de magasins. Nous continuerons de les moderniser, comme nous venons de le faire avec un peu plus de 100 grands magasins Zellers.

Au Québec, je suis fier de certains de nos plus récents établissements, comme les magasins Zellers et Déco Découverte de Boisbriand, où il est très agréable de magasiner.

Nos initiatives de commercialisation ont aussi permis d'améliorer l'allure et l'atmosphère de la plupart de nos magasins La Baie.

Pour les employés, nous avons augmenté leur nombre dans plusieurs magasins afin d'offrir un meilleur service à la clientèle.

Nous avons investi dans la formation et amélioré notre processus d'embauche, pour nous assurer d'avoir les associés les plus aptes à répondre aux besoins de nos clients.

QUESTION: Que dire de la culture d'entreprise chez HBC, critiquée dans la presse d'affaires et les analystes, avant votre acquisition?

REPONSE: Il y a évidemment eu, et il y aura encore, des changements dans notre culture d'entreprise, et pas seulement dans notre équipe de direction.

Nous devons avant tout assurer la primauté du service à la clientèle. J'ai visité plus d'une centaine de magasins HBC partout au Canada et j'ai rencontré des milliers d'associés, à qui j'ai livré un message très simple : " Individuellement et collectivement, il n'en tient qu'à vous de faire de HBC le détaillant où les Canadiens préfèrent magasiner. "

Je tiens à donner à tous les associés la marge de manoeuvre qui leur permettra d'aller au-delà de leur tâche et de sortir des sentiers battus en matière de service.

Certaines des meilleures idées que nous avons mises en oeuvre depuis six mois provenaient des associés dans nos magasins, dont plusieurs du Québec.

Dans cette province, nous avons modifié notre commercialisation en fonction des commentaires de nos associés, qui nous ont aussi amenés à introduire des marques et des produits inédits.

QUESTION: Des exemples?

REPONSE: Parmi les nouveautés introduites au Québec, je peux citer les vêtements pour enfant Rodin, les articles de cuisine Trudeau et les aliments Si-Bon.

Je suis aussi très heureux du fait que nous ayons choisi des marques bien établies au Québec et réussi à les lancer avec succès dans d'autres provinces.

Les draps de Textiles Gauvin, par exemple, bien connus au Québec depuis plusieurs années, sont maintenant offerts dans nos magasins de l'Ontario et des Maritimes.

En alimentation, je pense notamment aux fromages Chalifoux et au chocolat des Pères trappistes.

Par ailleurs, dans certains magasins, nous sommes allés plus loin en introduisant des marques répondant aux goûts des communautés ethniques habitant à proximité.

C'est ainsi que dans des quartiers de Montréal comme Saint-Laurent et Côte-des-Neiges, nous offrons les aliments Gouda, d'inspiration ethnique.

QUESTION: En tant qu'homme d'affaires, qu'attendez-vous de votre investissement dans HBC?

REPONSE: J'ai toujours cru que le marché sous-estimait la valeur de HBC, qui est une entreprise au potentiel énorme. C'est d'ailleurs pour cela que je l'ai achetée.