Tout le monde s'y est mis cette semaine: nous n'épargnons pas suffisamment en vue de notre retraite.

Tout le monde s'y est mis cette semaine: nous n'épargnons pas suffisamment en vue de notre retraite.

Négligence. Insouciance. Tape sur les doigts.

Réprimande justifiée?

Selon un sondage dévoilé il y a quelques jours par Desjardins Sécurité financière, le tiers (34%) des travailleurs et des préretraités de plus de 40 ans souhaitent prendre leur retraite entre l'âge de 40 et 55 ans.

Problème: le tiers des travailleurs et préretraités n'ont pas commencé à épargner pour la retraite avant 40 ans.

Il y a contradiction entre les objectifs et les moyens. "Les gens commencent tard et visent une retraite à 60 ans, observe Monique Tremblay, première vice-présidente Épargne et Fonds distincts chez Desjardins Sécurité financière. Ils sont en moyenne à 12 ans de l'âge où ils se voient à la retraite. Douze ans, ce n'est pas beaucoup quand on n'a pas ou peu commencé à épargner."

Elle reconnaît que les jeunes ménages ont d'autres préoccupations: payer les dettes d'études, acheter une première maison. Mais justement, là réside toute l'importance de prendre l'ensemble des paramètres en considération dans une planification effectuée le plus tôt possible. "Le plan commence le premier matin après la fin des études", insiste-t-elle.

Souvent, les gens comptent en partie sur leur maison pour produire un gain en capital qui tiendra lieu d'épargne de retraite. C'est le cas de 51% des Canadiens, selon un autre sondage paru cette semaine, cette fois réalisé pour le compte du Groupe Investors.

"Comment financer sa retraite et garder sa maison?", interroge Aurèle Courcelles, directeur de la planification avancée. "Une maison est bel et bien un investissement, mais elle ne remplace pas un plan prudent de retraite."

Bref, tout le monde s'inquiète pour vous. Devriez-vous faire de même?

Un petit test...

Existe-t-il une façon simple d'évaluer où nous en sommes en regard de notre retraite, question de voir s'il y a lieu de se ruer chez un planificateur financier?

Nous avons creusé la question avec Daniel Laverdière et Sylvain Chartier, de Planification financière Banque Nationale.

L'approche retenue est la suivante: en supposant que nous utilisions chaque année nos droits de cotisation REER, cette épargne suffirait-elle à nous assurer une retraite raisonnable?

Comme l'explique Daniel Laverdière, le plafond de 18% du revenu en cotisation REER, lorsqu'on ne bénéficie d'aucun régime de retraite d'employeur, a justement été établi en fonction de cet objectif.

Les deux spécialistes ont fait l'exercice avec un travailleur hypothétique -appelons-le Adam- qui gagnerait 30 000 $ par année à 30 ans. À partir de cet âge, il verse donc systématiquement 18% de son salaire dans son REER chaque année.

Son salaire augmente selon le taux d'inflation, fixé pour les besoins de l'exercice à 2%. On suppose un portefeuille équilibré qui produirait un rendement moyen de 6% par année.

Parvenu à 60 ans, Adam aurait ainsi accumulé 560 000 $, pour un salaire de 54 000 $.

Cette épargne, additionnée aux rentes de retraite gouvernementales, lui permettrait-elle se prendre dès maintenant une retraite confortable?

Nouveau calcul de nos experts: si on en soustrait une cotisation REER de 18%, le salaire de 54 000 $ correspond approximativement à un revenu disponible de 32 000 $. Conservons ce train de dépenses à la retraite. Toujours sous inflation de 2% et rendement de 6%, le capital sera à ce rythme épuisé à l'âge de 92 ans. Adam aura alors 75% de chance - ou de risque, selon le point de vue - de ne plus être en vie.

Bref, ça tient la route. "Quelqu'un qui fait sa cotisation REER maximale de façon régulière à partir de 30 ans pourra maintenir son train de vie à la retraite, jusqu'à concurrence d'un salaire de 100 000 $ par année ", énonce Sylvain Chartier. Au-delà de ce plafond, il faudra planifier des épargnes hors REER.

Ce calcul présente l'intérêt de montrer quelle proportion du revenu annuel doit être accumulé à différentes étapes de la vie pour arriver à cet objectif.

Ainsi, Adam avait épargné à 45 ans 3,7 fois son salaire annuel, qui avait alors atteint 40 000 $. À 55 ans, son REER contenait 7,7 fois son salaire de 49 000 $.

Voilà une échelle à laquelle vous pouvez vous référer, question de voir où vous en êtes vous-mêmes. Quel âge avez-vous ? Quelles économies avez-vous amassées ? Quelle proportion de votre salaire annuel représentent-elles ?

"Dans la presque totalité des cas, les gens seront sous ce ratio cible pour diverses raisons, observe Daniel Laverdière. Mais quand ils auront des excédents budgétaires - une fin d'hypothèque par exemple -, ils pourront corriger en grande partie le problème s'ils épargnent beaucoup, en rattrapant toutes les déductions inutilisées et les droits courants."

Si vous bénéficiez d'un régime de retraite avec votre employeur, vous pouvez consulter votre dernier relevé, où sera probablement inscrit le montant accumulé à votre nom. En l'additionnant à vos épargnes, vous pourrez faire sensiblement la même évaluation.

"Les gens à très faibles revenus peuvent avoir une grande partie de leur salaire remplacé par les programmes sociaux, signale Daniel Laverdière. Leur nécessité d'épargne est moindre car les montants fixes de la prestation de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti sont importants pour eux."

Jetez un coup d'oeil au tableau ci-joint, par curiosité...