Hydro-Québec se félicitait d'avoir terminé le projet de centrale Eastmain-1 plus vite que prévu, tout en respectant son enveloppe budgétaire. Mais voilà qu'une cascade de poursuites vient assombrir son bilan.

Hydro-Québec se félicitait d'avoir terminé le projet de centrale Eastmain-1 plus vite que prévu, tout en respectant son enveloppe budgétaire. Mais voilà qu'une cascade de poursuites vient assombrir son bilan.

Jeudi matin, le Groupe Aecon a déposé en cour supérieure une poursuite de 101,8 M$ contre Hydro-Québec et sa filiale la Société d'énergie de la Baie James (SEBJ).

En 2003, l'entrepreneur montréalais avait obtenu un contrat de 107,5 millions pour des travaux de bétonnage. Mais des dépassements de coûts ont pratiquement fait doubler la facture, allègue-t-il dans sa requête que La Presse Affaires a obtenue.

«Pour un non-initié, ça peut sembler beaucoup. Mais dans le cadre de travaux de cette ampleur, ce n'est pas anormal», explique à La Presse Roger Arsenault, directeur de construction chez Aecon qui veut récupérer la somme impayée.

D'ailleurs, l'an dernier, deux autres fournisseurs ont intenté des poursuites contre Hydro-Québec et la SEBJ pour des raisons similaires. La coentreprise Norascon-Hébert ainsi que le groupe Janin Atlas et Bot Civil réclament chacun 48 millions.

Au total, les poursuites s'élèvent donc à tout près de 200 millions de dollars, soit presque 10% de l'investissement de 2,3 milliards prévu pour la construction de la centrale hydroélectrique de la Baie-James.

Au départ, Hydro-Québec envisageait la mise en service de la centrale pour le printemps 2008. Mais l'échéance a été devancée, d'abord à l'été 2007, puis à décembre 2006. «Par conséquent, l'échéancier était serré et agressif», explique Aecon dans sa requête.

«L'entrepreneur a dû faire face à des conditions de chantier différentes de celles prévues, à une multitude de changements apportés et autorisés par la SEBJ () le tout dans un contexte d'accélération de l'exécution des travaux», peut-on lire.

Aecon avait pour mandat principal la construction d'ouvrages en béton armé sur des surfaces de roc préalablement excavées par un autre entrepreneur. Or, il s'est avéré que le travail d'excavation comportait des déficiences importantes, ce qui a forcé Aecon à apporter des correctifs.

En outre, Aecon se plaint de ne pas avoir eu accès au chantier au moment prévu.

Ainsi, la firme a été forcée d'entreprendre en retard les différentes phases de ses travaux, avec parfois trois mois de délais. Et la SEBJ lui demandait de mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu.

Aecon et la SEBJ cherchent un terrain d'entente, depuis plus d'un an. Malgré les procédures judiciaires, leurs discussions se poursuivent.

«J'ai confiance qu'on va finir par régler», a dit M. Arsenault. Même son de cloche du côté d'Hydro-Québec.

«L'entreprise a voulu se protéger contre des questions de prescription. Ça n'empêche pas les deux parties de se parler», a expliqué Sylvain Théberge, porte-parole d'Hydro-Québec.

Aecon a déjà participé à plusieurs autres projets d'Hydro-Québec. L'entrepreneur ne participe pas au nouveau projet d'Eastmain-1-A. Mais il pourrait soumissionner pour d'autres phases.

En janvier dernier, Hydro a donné le coup d'envoi à la construction de deux nouvelles centrales à la Baie-James et à la dérivation de la rivière Rupert, le plus important projet hydroélectrique de la décennie.

Au moment même du lancement du projet, la facture avait déjà grimpé de 25% par rapport aux prévisions, en raison de l'inflation des coûts de construction, des coûts imprévus et de l'accélération des travaux. Le coût du projet est maintenant évalué à 5 milliards de dollars.