Trois semaines après avoir sauvé sa réputation au prix de 2 milliards de dollars, la Banque Nationale veut attirer l'épargnant en lui offrant des rendements qui défient la concurrence.

Trois semaines après avoir sauvé sa réputation au prix de 2 milliards de dollars, la Banque Nationale veut attirer l'épargnant en lui offrant des rendements qui défient la concurrence.

Depuis lundi et au moins jusqu'à la fin de la semaine prochaine, l'institution québécoise propose des taux d'intérêt supérieurs d'au moins un point de pourcentage de plus que ses concurrents sur des certificats de placement garantis (CPG) dont l'échéance varie de un à cinq ans.

Jusqu'à la semaine dernière, la Nationale offrait comme ses concurrentes 3,20% pour un CPG d'un an et 3,60% pour un terme de cinq ans. C'est maintenant 4,30% et 4,75%. Les termes intermédiaires sont à l'avenant.

Aucune autre des grandes banques ni le Mouvement Desjardins n'envisageaient d'emboîter le pas à cette stratégie inusitée, d'autant qu'elle est lancée bien avant la saison des REER.

Une campagne dans tous les quotidiens du Québec, dans Le Droit, l'Ottawa Citizen, le Toronto Star et le Globe & Mail soutient cet effort.

«La Banque veut être le leader de l'épargne au Québec. On veut frapper fort», explique en entrevue Jean Blouin, son vice-président, solutions d'affaires.

Par le passé, il est arrivé parfois qu'une institution propose un produit très alléchant, souvent pour régler des besoins temporaires d'appariement.

Fin juin, la Scotia avait proposé 4,85% pour un CPG de deux ans. En 2002, la Banque de Montréal avait offert un CPG de cinq ans à 5%.

On ne trouve pas d'exemple cependant d'une offensive portant sur tous les termes, tant pour un CPG rachetable que non rachetable.

Cette stratégie en fait sourciller quelques-uns.

«La Banque Nationale est extrêmement agressive, constate Michel Bélanger, directeur régional, produits de placement à la Banque de Montréal. Nous n'irons pas faire compétition. Nous privilégions l'approche planificateur-client.»

«Nous sommes surpris, admet sans ambages André Chapleau, porte-parole de Desjardins. C'est de bonne guerre. On poursuit notre plan de match. La cueillette d'épargne est en ligne avec nos prévisions.»

«Lorsqu'il y a des changements chez nos concurrents, on réfléchit, mais il n'y a pas de changement à annoncer aujourd'hui», répond pour sa part Raymond Chouinard, directeur des services de communications à la Banque Royale.

La Nationale nie farouchement l'existence d'un lien entre cette promotion et le rachat au prix de 2 milliards du papier commercial adossé sur des actifs (PCAA) contenu dans les fonds communs ou les comptes de courtage au détail des clients de ses filiales annoncé le mois dernier.

Michael Goldberg, vice-président et analyste des services financiers chez Valeurs mobilières Desjardins, y voit néanmoins une coïncidence curieuse.

«Certains investisseurs peuvent se demander si la Nationale fait face à des difficultés d'attirer des dépôts provenant d'autres sources, compte tenu des conditions de liquidités inhabituelles et du fait qu'elle a dû racheter pour 2 milliards de PCAA», a-t-il écrit dans une note à ses clients.

Après cet incident, il avait abaissé la cible du prix de l'action de la banque à 60$ et ramener sa recommandation de «acheter» à «conserver».

Mercredi, l'action ordinaire à gagné 6 cents, à 52,19$, au cours d'une séance où la majorité des titres financiers ont un peu reculé.

«Nous avons réalisé une très bonne performance en août pour la vente de CPG, explique M. Blouin. On a senti un momentum. C'est une première tentative.»

La Nationale aurait drainé le mois dernier 390 millions de plus qu'en août 2006, sans promotion. Combien s'attend-elle à aller chercher de plus grâce à la présente campagne?

«C'est un peu stratégique», répond poliment M. Blouin.