Le premier ministre Stephen Harper invite l'Amérique du Sud à s'inspirer des valeurs démocratiques canadiennes, mais notre pays a tout à gagner à tirer meilleur parti de ce grand marché émergent alors que les États-Unis se montrent moins friands de nos produits.

Le premier ministre Stephen Harper invite l'Amérique du Sud à s'inspirer des valeurs démocratiques canadiennes, mais notre pays a tout à gagner à tirer meilleur parti de ce grand marché émergent alors que les États-Unis se montrent moins friands de nos produits.

Depuis cinq ans, les exportations canadiennes, et québécoises, augmentent dans l'hémisphère austral du continent, mais nous achetons toujours davantage des dix pays qui le forment.

Pétrole et aéronefs

Nous nous procurons surtout du minerai, des fruits et légumes et des vêtements, mais aussi du pétrole et des aéronefs. Nous leur vendons des produits forestiers (bois d'oeuvre, papiers et cartons), des matériaux de construction et des machines-outils destinées à l'extraction minière.

Certes, nous exportons aussi des services financiers et de génie-conseil, comme en font foi les nombreux centres d'affaires de la Banque Scotia ou de SNC-Lavalin.

Le commerce des services n'est cependant pas compilé dans le calcul de la balance commerciale.

De toute façon, il reste insuffisant pour inverser à lui seul le cours des choses.

En 2002, la valeur des expéditions canadiennes s'élevait à quelque 2,3 milliards en Argentine, en Bolivie, au Brésil, au Chili, en Colombie, en Équateur, au Paraguay, au Pérou, au Venezuela et en Uruguay.

Nos achats là-bas se chiffraient déjà à plus de cinq milliards. (Les échanges avec les trois Guyane, française, Guyana et Suriname, sont trop modestes pour même figurer dans les statistiques.)

L'an dernier, les exportations canadiennes avaient progressé de 1,5 milliard tandis que nos importations doublaient. Résultat, le Canada a enregistré un déficit commercial de 6,2 milliards avec le sous-continent.

Son solde est négatif avec chacun de ses pays. C'est surtout avec le Brésil, le Pérou et le Chili que le déséquilibre des échanges demeure le plus prononcé.

Ce bilan contraste avec le tableau d'ensemble du commerce international canadien qui montre un excédent de 43,6 milliards l'an dernier, résultat de la relation exceptionnelle avec notre principal partenaire, les États-Unis.

L'an dernier, les exportations canadiennes chez l'Oncle Sam ont totalisé 358,7 milliards, en baisse de 7 milliards sur celles de 2005. Cela a permis de dégager un confortable excédent de 141,1 milliards, soit 9,5 milliards de moins que l'année précédente.

Pour le Québec, le tableau est bien moins reluisant encore. La société distincte se... distingue de l'ensemble du Canada par un déficit de ses échanges commerciaux à travers le monde qui s'élevait à 7,6 milliards l'an dernier, malgré le surplus de 31,9 milliards réalisé avec les États-Unis. (Si on ajoute le déficit commercial interprovincial, le déséquilibre atteint les quelque 10 milliards.) La valeur inégale de nos échanges avec l'Amérique du Sud équivaut à près de la moitié de cette somme.

À elle seule, la décision d'Air Canada d'acheter des appareils Embraer plutôt que des Bombardier pour son parc d'avions régionaux a creusé de 500 millions le déficit commercial du Québec, en 2005 et en 2006.

L'impasse commerciale du Québec avec le géant lusophone atteignait 1,7 milliard l'an dernier. Il représente la moitié du solde négatif canadien vis-à-vis de la plus grande puissance économique du sous-continent.

Expéditions en hausse

Néanmoins, nos exportateurs profitent un peu de la forte croissance de cette puissance émergente puisqu'ils sont parvenus d'augmenter de moitié en un an la valeur de leurs expéditions l'an dernier à hauteur de 364 millions.

Ils ont beaucoup moins de succès en revanche au Chili où pourtant ils jouissent d'un commerce sans frontières en vertu de l'Accord de libre échange dont M. Harper et Mme Michelle Bachelet ont célébré les 10 ans en grande pompe, la semaine dernière.

En 1997, les exportations québécoises valaient 52,2 millions. L'an dernier, elles étaient tout juste parvenus à franchir les 80 millions pour une troisième année d'affilée. Les entreprises chiliennes se sont montrées beaucoup plus opportunistes en faisant passer de 115 millions à 1,1 milliard leurs livraisons au Québec.

Bilan: le déficit du Québec équivaut à lui seul aux trois quarts du découvert canadien envers le pays de Pablo Neruda.

Cet échange inégal se résume en deux mots: cuivre et autres minerais que le Québec a achetés à hauteur de 880 millions l'an dernier. Notre goût pour les crus capiteux des vallées Maipo ou Colchagua ne fait pas le poids.

Nous en avons bu l'an dernier pour à peine 11,6 millions, auxquels il faut ajouter il est vrai la part du négociant local et de la SAQ, ce qui peut tripler la valeur...

D'un point de vue commercial, les échanges avec la Colombie, autre pays visité par M. Harper présentent moins d'opportunités, sauf bien sûr pour les dealers. Les exportations québécoises n'ont toujours pas dépassé les 100 millions.