Lorsqu'on examine la question de la croissance économique mondiale, le verre apparaît soudainement beaucoup plus qu'à demi plein.

Lorsqu'on examine la question de la croissance économique mondiale, le verre apparaît soudainement beaucoup plus qu'à demi plein.

Non seulement l'économie mondiale fait-elle mentir ceux qui nourrissaient des craintes quant à son ralentissement, mais sa vigueur est même supérieure à ce que les plus optimistes des analystes prédisaient il n'y a que quelques semaines de cela.

Ainsi, il semble que la croissance mondiale sera supérieure aux prévisions pour la sixième année de suite en 2007.

«Il est peut-être temps de cesser de rechercher des raisons pouvant faire redouter un effondrement de l'économie mondiale pour se tourner plutôt vers des sources d'optimisme», soutient Dario Perkins, économiste principal pour l'Europe d'ABN Amro Holding, à Londres, et ancien responsable du Trésor britannique.

Quelque chose d'ancien et quelque chose de nouveau se cachent derrière cette vigueur étonnante: une reprise du secteur manufacturier de la «vieille» économie et une vague de financements nouveau style combinent leurs effets pour pousser le chômage à la baisse et pour faire mousser les profits des entreprises.

Les manufacturiers dans le monde augmentent leur production après avoir réduit leurs stocks. Certains, y compris le japonais Toyota ou les américains 3M Co. et Caterpillar, ajoutent même de la capacité.

Le crédit à volonté

Entre-temps, une nouvelle fournée de financiers, dont des fonds spéculatifs et des firmes de capital de risque privé tels que Madison Dearborn Partners, de Chicago, fournissent du carburant pour de la croissance supplémentaire en se servant de l'effet de levier d'actifs de milliards de dollars.

Cette situation prépare le terrain pour une reprise plus rapide aux États-Unis tout en aidant l'Allemagne et la Chine à faire mentir les prévisions de ralentissement.

«À de nombreux égards, la situation économique actuelle est meilleure que ce que nous avons connu pendant des années», avance Jean-Philippe Cotis, économiste en chef de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), à Paris.

Cet organisme vient tout juste de revoir à la hausse ses prévisions de croissance pour ses 30 pays membres, les faisant passer de 2,5% à 2,7% en 2007.

Et tandis que les investisseurs s'ajustent au thème de la croissance soutenue, les actions devraient en profiter alors que les obligations en pâtiront.

Les rendements des obligations de 10 ans du Trésor américain et des valeurs européennes comparables ont grimpé d'environ trois dixièmes de point de pourcentage au cours du dernier mois.

Ce qui pousse les taux à la hausse, c'est la croissance plus vive (et l'accroissement de la demande de crédit qui l'accompagne) et non pas des indices d'augmentation des prix.

«Nous sommes à l'aise quant à la hausse des rendements des obligations», indique David Malpass, économiste en chef de Bear Stearns & Co., à New York. "Elle est liée à la croissance", ajoute-t-il.

Cette situation rend les investisseurs étrangers moins craintifs de détenir des titres de dette américains et leurs achats aident à limiter l'augmentation des rendements.

À environ 4,95%, le taux de rendement des bons du Trésor de 10 ans correspond à la moyenne depuis 1977.

En fait, les étrangers possèdent 80% (un record) des bons du Trésor américain de trois à 10 ans, la plus forte proportion depuis les années 1800, explique Alan Taylor, professeur d'histoire économique à l'Université de la Californie, à Davis.