La Bourse de Shanghai a dégringolé lundi, sans toutefois immédiatement entraîner les places financières internationales dans son sillage, avec un indice enregistrant sa deuxième plus forte baisse en 11 ans.

La Bourse de Shanghai a dégringolé lundi, sans toutefois immédiatement entraîner les places financières internationales dans son sillage, avec un indice enregistrant sa deuxième plus forte baisse en 11 ans.

Tandis que les investisseurs appréhendaient de nouvelles mesures gouvernementales visant à freiner la spéculation boursière, l'indice composite regroupant les actions A (libellées en yuans) et B (en dollars) a chuté de 8,26%.

Ce recul, après déjà des turbulences la semaine dernière, est le plus important depuis le mini-krach du 27 février, le plus grave depuis 1996, qui avait vu l'indice plonger de 8,84% et déclencher un mouvement de panique sur les marchés internationaux.

Mais, au contraire du 27 février, la chute n'a pas semblé affecter les autres places boursières, notamment dans la région Asie-Pacifique où Hong Kong terminait à la hausse, Tokyo restait inchangé, cependant que les bourses australiennes et sud-coréennes enregistraient des records à la hausse.

Parallèlement, en Europe, Paris ouvrait en légère baisse, mais Francfort progressait et Londres était stable.

«Vu l'importance de l'économie chinoise, si Shanghai continuait de s'affoler, il serait bizarre que cela n'ait pas de répercussions sur les autres places, même si en effet quand une Bourse progresse de 150%, on peut dire qu'elle est un peu déconnectée du reste», a commenté Francis Nicollas, économiste du Crédit Agricole.

Mercredi dernier, une chute de 6,5% provoquée par l'annonce d'un triplement de l'impôt sur les transactions boursières (passé de 0,1% à 0,3%) n'avait pas non plus entraîné les autres marchés.

Elle avait été suivie d'un mouvement de prise de bénéfices, ce qui n'avait toutefois pas empêché la Bourse de repartir à la hausse jeudi.

«Une correction était nécessaire et la hausse de l'impôt a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase», a commenté Deng Hongguang, analyste chez Orient Securities.

Depuis, les marchés attendent de nouvelles mesures destinées à calmer le jeu sur des places prises d'assaut par les petits porteurs, investissant irrationnellement, notamment dans les valeurs des sociétés défaillantes.

Pris de passion pour la Bourse, faute d'autres placements aussi rémunérateurs, les Chinois ont fait bondir celle de Shanghai de 130% l'année dernière. Et, même à 3670,40 points à la clôture lundi, contre des sommets de plus de 4300 le mois dernier, l'indice n'en a pas moins encore gagné plus de 37% cette année.

Le gouvernement mettant régulièrement en garde contre la bulle boursière, les investisseurs redoutent les contre-mesures et le marché bruit régulièrement de rumeurs.

Déjà en février, il avait été question d'une possible introduction d'un impôt sur les plus-values boursières.

«Les investisseurs paniquent toujours à l'idée d'un tel impôt», a indiqué Wang Jun, de Merchants Securities. Mais, «dans tous les cas, beaucoup peuvent toujours vendre et faire un bon bénéfice».

Les autorités tentent de rassurer, avec, lundi, la publication par plusieurs journaux financiers officiels d'éditoriaux affirmant que la hausse allait perdurer.

«Ces éditoriaux suggèrent que le gouvernement ne veut pas rater sa cible et provoquer un effondrement», dit Ma Jun, économiste de Deutsche Bank.

De nombreux analystes penchaient pour un rebond, peut-être dès mardi. Certains néanmoins se montraient plus prudents : «tout est désormais assez imprévisible», a jugé Deng Hongguang.

La semaine dernière, la banque américaine Morgan Stanley a estimé que la Chine pourrait surmonter une chute de 30% de la Bourse.