Téléphoner sur son portable à l'étranger sera peut-être moins cher dès cet été.

Téléphoner sur son portable à l'étranger sera peut-être moins cher dès cet été.

La commission de l'industrie du Parlement européen a approuvé jeudi une proposition de loi visant à réduire les tarifs de l'itinérance (roaming), ce qui a déçu les opérateurs et satisfait les associations de consommateurs.

Le texte sera examiné en mai au Parlement, où les débats s'annoncent houleux.

La proposition retenue jeudi suggère de plafonner à 40 centimes d'euro la minute le prix des appels passés depuis l'étranger, et à 15 centimes celui des appels reçus.

Les eurodéputés de la commission de l'industrie sont ainsi allés plus loin que la Commission qui proposait de fixer ces deux plafonds à 50 et 25 centimes d'euro.

Surtout, le texte prévoit de rendre ces plafonds automatiques, comme le souhaitaient les associations de consommateurs. Les opérateurs, et certains députés de droite, auraient préféré un système de «opt-in».

L'abonné aurait eu le choix entre conserver sa grille de tarification actuelle et opter pour les nouveaux tarifs internationaux plafonnés. Pour bénéficier de la seconde formule, il aurait dû le demander à son opérateur («opt-in»').

Accusant les opérateurs de tirer actuellement des profits injustifiés des appels transnationaux, la Commission européenne a proposé de réduire ces tarifs de 70%.

Aujourd'hui, une conversation de quatre minutes peut coûter 12 euros à un Chypriote en visite en Belgique, plus de 13 euros à un Irlandais en déplacement à Malte.

Aux deux plafonds retenus jeudi (40 et 15 centimes d'euros la minute pour passer et recevoir un appel), il faut encore ajouter la TVA. Mais cela reste «bien inférieur aux prix qui sont payés actuellement dans de nombreux pays membres», souligne l'Autrichien Paul Ruebig, le chrétien-démocrate chargé de faire passer la nouvelle législation devant le Parlement européen.

Les 785 députés du Parlement de Strasbourg doivent voter le texte en mai avant que les gouvernements des Vingt-Sept ne se prononcent sur cette réforme en juin, à temps pour les vacances d'été.

La commission de l'industrie souhaite que les plafonds prennent effet dès que la loi est ratifiée, et s'appliquent automatiquement à tous les clients. «À moins qu'ils n'optent délibérément pour une autre tarification, tous les clients existants ou à venir se verront accorder automatiquement un tarif européen», prône le texte approuvé jeudi. Les abonnés pourront toujours, s'ils le souhaitent, choisir un forfait avec des appels nationaux moins chers et des coûts d'itinérance plus élevés.

«Nous sommes très déçus», a réagi David Pringle, porte-parole de l'Association des opérateurs mobiles d'Europe. «Nous pensons que cela sera très dommageable au marché de la téléphonie mobile. Nous voyons cela comme une série de mesures très draconiennes».

Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) se félicite de «la volonté d'offrir une protection tarifaire automatique à tous les utilisateurs de roaming sans discrimination». «Les plafonds fixés sont cependant toujours trop élevés et doivent être réajustés par rapport aux coûts réels», préconise-t-il dans un communiqué.

Le coût d'un appel en itinérance est inférieur à 20 centimes d'euro.

L'UFC-Que Choisir juge elle aussi que les plafonds retenus demeurent trop élevés. Elle a calculé les coûts TTC à 60 centimes d'euros la minute pour un appel émis de l'étranger, 18 centimes pour un appel reçu. Or, selon cette association, un appel en roaming ne coûte à l'opérateur que «quatre ou cinq centimes» de plus qu'un appel national.

Dans un communiqué, elle exhorte donc les eurodéputés à «poursuivre la marche vers une véritable Europe des télécommunications» en faisant «converger le prix du roaming vers le prix des appels nationaux».

La commissaire européenne aux télécommunications Viviane Reding estime que «le glas est en train de sonner fort pour les coûts de l'itinérance mobile internationale en Europe».