L'affaire Martin Tremblay continue de faire couler de l'encre. Un des partenaires montréalais du banquier des Bahamas, Marc Beaudoin, refuse de collaborer avec les autorités réglementaires canadiennes.

L'affaire Martin Tremblay continue de faire couler de l'encre. Un des partenaires montréalais du banquier des Bahamas, Marc Beaudoin, refuse de collaborer avec les autorités réglementaires canadiennes.

Le 15 juin, l'Association des courtiers en valeurs mobilières (ACCOVAM) a ouvert une enquête sur le rôle de Marc Beaudoin dans la gestion des comptes de Martin Tremblay. À maintes reprises depuis, l'enquêteur de l'organisme de réglementation a tenté de rencontrer Marc Beaudoin, mais ce dernier se défile.

Devant ce refus de collaborer, l'ACCOVAM vient d'annoncer qu'elle tiendra le 8 mai une audience devant une formation d'instruction (l'équivalent d'un procès). L'ex-courtier est passible d'une amende allant jusqu'à un million de dollars et d'une radiation permanente de l'ACCOVAM, ce qui l'empêcherait de pratiquer le commerce des valeurs mobilières.

Marc Beaudoin a travaillé pour la firme de courtage Research Capital entre 2001 et 2006. Il a démissionné de son poste de conseiller en placements le 30 janvier 2006, quelques jours après l'arrestation de Martin Tremblay, à New York. Martin Tremblay a été condamné, le mois dernier, à quatre ans de prison pour blanchiment d'argent.

Le 13 novembre dernier, l'ACCOVAM a officiellement convoqué Marc Beaudoin pour comparaître devant son enquêteur. Mais Beaudoin et son avocat ont réussi à repousser le rendez-vous jusqu'au 20 décembre.

La veille de la rencontre, l'avocat a avisé l'ACCOVAM que son client ne serait pas au rendez-vous, parce que les objectifs de l'enquête «n'étaient pas suffisamment précis pour permettre de protéger les droits» de M. Beaudoin.

L'ACCOVAM a alors précisé de nouveau les motifs de l'enquête et répété qu'un refus de comparaître pouvait mener à des sanctions disciplinaires. Les deux parties ont continué de jouer au chat et à la souris jusqu'au 25 janvier, mais en vain. Marc Beaudoin est allé jusqu'à demander la liste de questions qui lui seraient posées, ce que l'ACCOVAM a refusé.

Bref, devant ce refus de comparaître, l'ACCOVAM envisage des sanctions disciplinaires et tiendra le 8 mai une formation d'instruction (l'équivalent d'un procès).

«On lui a donné plusieurs chances de coopérer et il ne les a pas prises», a expliqué à La Presse Affaires Carmen Crépin, présidente de l'ACCOVAM.

Marc Beaudoin a fait l'objet d'une enquête interne de Research Capital sur son rôle dans l'affaire Martin Tremblay. L'enquête a été complétée en décembre, mais nous n'avons pu prendre connaissance des conclusions.

L'automne dernier, la directrice de la conformité de Research Capital, Vanessa Gardner, nous avait dit que tous les comptes de Beaudoin transitaient par Tremblay, aux Bahamas.

Selon nos informations, Marc Beaudoin connaît Martin Tremblay depuis 1985. Les deux comptables ont appris ensemble le métier de fiscaliste chez Touche Ross à la fin des années 80, à Montréal. Ils étaient spécialisés dans le transfert offshore du patrimoine de gens aisés, le tout sans payer d'impôts, a déjà déclaré Marc Beaudoin dans une autre affaire.

En 1998, Marc Beaudoin a été congédié de la firme Midland Walwyn pour pratiques irrégulières. Son patron d'alors, Jean-Pierre Janson, a affirmé à La Presse Affaires en décembre dernier que Marc Beaudoin faisait du blanchiment d'argent.

Marc Beaudoin fait également l'objet d'une autre enquête de l'ACCOVAM.

Cette fois, les démarches de l'ACCOVAM ont débuté avec la plainte d'un ex-client de Beaudoin qui se plaint d'avoir perdu plus de 150 000$ en ayant investi de l'argent liquide aux Bahamas sur les conseils de Marc Beaudoin.

Nous avons tenté de joindre Marc Beaudoin, mais sans succès. En fin de journée, nous avons réussi à parler à son avocat, Claude-Armand Sheppard, qui n'était pas au courant de la tenue d'une audience pouvant mener à des sanctions. «L'ACCOVAM ne m'a pas avisé de cette audience. Je ferai des commentaires quand l'ACCOVAM m'avisera», a dit M. Sheppard.