Les universités sont actuellement le moteur du développement économique de Montréal. C'est du moins ce qu'a soutenu Pierre St-Cyr, urbaniste de l'Université de Montréal, dans une récente allocution à la tribune de l'Institut canadien de l'immeuble au Québec.

Les universités sont actuellement le moteur du développement économique de Montréal. C'est du moins ce qu'a soutenu Pierre St-Cyr, urbaniste de l'Université de Montréal, dans une récente allocution à la tribune de l'Institut canadien de l'immeuble au Québec.

Les exemples abondent, selon l'urbaniste: l'École de technologie supérieure relance le développement du quartier Griffintown, au sud-ouest de la ville, le campus de l'Université Concordia s'agrandit au centre-ouest et celui de l'UQAM, au centre-est, tandis que l'Université McGill s'étend au pied de la montagne et que l'Université de Montréal doit lancer bientôt un projet de 1,2 milliard à la gare de triage du CP à Outremont.

En outre, on ne peut pas oublier les deux projets de centres hospitaliers des universités McGill et de Montréal, de plus de 1 milliard, chacun, ajoute Pierre St-Cyr. Bref, sans les universités, le développement serait en panne.

Sans se lancer dans le débat sur le financement des universités, le conférencier répondait ainsi aux critiques selon lesquels le rôle premier des institutions universitaires n'est pas la construction immobilière.

Les critiques se sont en effet multipliées, tant de la part du syndicat des professeurs que de citoyens concernés. Pierre St-Cyr parle d'ailleurs lui-même «d'inquisition», après les consultations publiques d'Outremont, et de la «difficulté d'agir» (de réaliser des projets) en raison des exigences croissantes des villes pour les promoteurs.

Il faut se rendre compte que l'Université de Montréal, la deuxième au Canada pour la recherche, se retrouve avec un campus trop petit, 76 ans après sa fondation, explique Pierre St-Cyr.

Pour sa croissance des 15 prochaines années, l'Université de Montréal doit trouver des locaux additionnels pour 10 000 étudiants, professeurs et employés, souligne-t-il. La population doit plafonner durant cette période, à cause de la démographie, mais pas le nombre d'immigrants et d'étudiants.

Depuis les attentats de 2001, les universités du Canada et du Québec recrutent un plus grand nombre d'étudiants étrangers, aux dépens des États-Unis, selon lui. «S'il y a déclin de la population, les étudiants étrangers vont constituer un apport économique important.»

À elles seules, les dépenses de subsistance des étudiants des quatre universités de Montréal s'élèvent à 1,3 milliard par année.

L'Université de Montréal compte déjà de son côté 30 000 étudiants, 1500 professeurs et 5500 employés. Pour en accueillir 30 % de plus, l'institution a acheté la gare de triage du CP et amorcé les travaux préparatoires de son projet, en octobre dernier, dit-il.

L'université prévoit construire progressivement 20 pavillons, des résidences étudiantes avec 1000 lits et 820 condos. Les immeubles d'un total de 275 000 mètres carrés doivent compter huit, six ou quatre étages, selon le cas, et leur livraison doit commencer en 2011.

Le quartier dénombre déjà 186 commerces, qui en profiteront car l'université n'en construira pas de nouveaux sur le campus, assure-t-il.

Enclavée sur son campus actuel, l'Université de Montréal doit compter sur les terrains de 1,9 million de pieds carrés de la gare de triage pour sa croissance. Cela permettra de régler des problèmes de cohabitation et de pollution par le bruit, notamment pour des propriétaires de condos d'Outremont, dit Pierre St-Cyr.

Les ex-terrains du CP comprennent la Tour Atlantic qui, selon Pierre St-Cyr, pourrait être transformée en l'équivalent de l'immeuble Nordelec, dans le sud-ouest de Montréal, où travaillent maintenant 2200 personnes.

D'ici l'été, l'université doit attacher le financement de 120 millions pour les travaux préparatoires. Après les consultations publiques, l'institution attend cependant toujours les autorisations de la ville, dit Pierre St-Cyr.