L'ancien président et cofondateur de Cinar, Ronald Weinberg, a subi jeudi une importante défaite en cour dans son combat contre son ancienne firme.

L'ancien président et cofondateur de Cinar, Ronald Weinberg, a subi jeudi une importante défaite en cour dans son combat contre son ancienne firme.

Elle le poursuit au civil pour 110 M$, alléguant fraudes, malversations et détournement de 59 M$ aux Bahamas.

Six requêtes judiciaires de M. Weinberg, qui constituaient sa contre-attaque aux allégations contre lui, ont été rejetées en bloc par le juge André Denis, de la Cour supérieure, qui a du même coup dénoncé "son absence de transparence, ses faux-fuyants (...), ses procédures alambiquées".

Le juge a critiqué sévèrement M. Weinberg, qui a bloqué le processus judiciaire en disparaissant dans la nature, quelque part hors du Canada, le 5 octobre dernier, sans laisser d'adresse.

Lundi dernier, M. Weinberg a pour la troisième fois fait faux bond à la justice en ne se présentant pas à une audience où il était tenu de déposer une liste de ses actifs, qui sont gelés par une ordonnance de la cour.

"La partie de cache-cache a assez duré", écrit le juge, qui ajoute que "Weinberg a rompu le contrat judiciaire conclu avec le tribunal et les autres parties" et qu'il "ne cherche qu'à gagner du temps".

Le juge a aussi décidé que les poursuites intentées contre M. Weinberg par Cinar peuvent continuer sans que M. Weinberg soit présent, a dit Me Cara Cameron, du cabinet Davies Phillips Vineberg.

L'avocate de Cinar commencera dès lundi à déposer sa preuve pour une fraction des dommages réclamés à M. Weinberg, la succession de sa femme, feu Micheline Charest, et l'ex-chef de la direction financière de Cinar, Hasanain Panju.

Outrage au tribunal

M. Weinberg, qui s'est récemment déclaré déprimé dans un journal torontois, a un souci de plus: accusé d'outrage au tribunal pour ses rendez-vous manqués avec le tribunal, il a reçu l'ordre du juge Denis de se présenter en cour lundi "pour lui expliquer pourquoi il ne devrait pas être condamné pour outrage au tribunal", a dit Me Cameron. L'avocat a dit n'avoir aucune façon de savoir si M. Weinberg sera présent.

Une des parties poursuivies par M. Weinberg était le cabinet comptable Ernst & Young, qui fut vérificateur des états financiers de Cinar. Me Gérald Tremblay, l'avocat d'Ernst & Young, a accueilli la décision du juge avec satisfaction.

Pour Cinar, une grosse bataille a été gagnée, mais pas la guerre. "La victoire totale, ce sera le recouvrement de l'argent des actionnaires de Cinar. Il reste pas mal à faire à ce chapitre", a déclaré Mark Schrager, un autre avocat de la firme Davies Phillips Vineberg, également au dossier.

Par ailleurs, le jugement simplifiera la requête qu'a intentée Cinar contre le PDG déchue de Norshield, John Xanthoudakis.

"Ronald Weinberg était un intervenant dans la poursuite contre Xanthoudakis. Avec son retrait, ça rend le dossier moins embrouillé", dit Max Bernard, l'avocat de Cinar dans ce dossier, de la firme Heenan Blaikie. M. Bernard précise que l'ex-comptable de Cinar, Hasanain Panju, demeure intervenant dans ce dossier.

Le juge Denis a noté qu'en restant à l'étranger alors qu'il a un procès ici, il fait la même chose avec sa personne que ce qu'on lui reproche d'avoir fait avec l'argent des actionnaires de Cinar, qui serait disparu aux Bahamas, un paradis fiscal notoire.

Par ses allées et venues entourées de mystère, M. Weinberg "cherche à esquiver ses obligations face à la cour" et Cinar. "C'est d'ailleurs essentiellement ce que Cinar lui reproche: d'avoir mis à l'abri d'une juridiction canadienne l'ensemble de ses biens dont Cinar lui demande remboursement."