Europe et USA se sont jeudi une nouvelle fois accusés mutuellement d'être à l'origine du blocage des négociations sur la libéralisation du commerce, douchant les espoirs de percée lors d'une réunion en Australie des pays agricoles exportateurs.

Europe et USA se sont jeudi une nouvelle fois accusés mutuellement d'être à l'origine du blocage des négociations sur la libéralisation du commerce, douchant les espoirs de percée lors d'une réunion en Australie des pays agricoles exportateurs.

Les deux grands des négociations se sont tous deux déclarés prêts à tout faire pour sauver les pourparlers, suspendus en juillet en raison justement du différend persistant sur leurs aides agricoles.

"Nous sommes prêts à faire plus en ce qui concerne les réductions de subventions que ce que nous avons sur la table", a répété la représentante américaine au Commerce (USTR), Susan Schwab.

L'Europe est "prête à faire ce qu'il faut pour remettre sur les rails" le cycle de négociations, a également promis Carlo Trojan, ambassadeur européen à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le commissaire européen au Commerce "Peter Mandelson dispose du mandat pour assouplir notre position de manière considérable, comme il l'a fait en juillet. Il va continuer à faire tout son possible pour obtenir le succès des négociations", a-t-il ajouté.

Mais les représentants n'ont pas pu s'empêcher de renouveler les échanges aigres-doux qui sont depuis longtemps le lot des discussions, annihilant le mince espoir de percée lors de la réunion du Groupe de Cairns, qui rassemble 18 pays totalisant un quart des exportations agricoles dans le monde.

La rencontre, qui s'achève vendredi à Cairns (nord-est australien), a été élargie aux Européens, Américains et Japonais, tous trois accusés du pire protectionnisme, dans l'espoir de dénouer la crise.

"Nous n'acceptons pas la manière américaine de raisonner: ils ne sont disposés à réduire leurs subventions que s'ils obtiennent un accès aux marchés, dollar pour dollar... nous disons que l'engagement (de réduire les subventions) doit être indépendant du fait d'obtenir un accès accru aux marchés", a lancé M. Trojan.

"Les Etats-Unis devraient montrer leur disposition à faire quelque chose en termes de subventions", a-t-il ajouté, suscitant une réponse tout aussi directe de Mme Schwab.

"Les Etats-Unis ont été les premiers en octobre dernier avec une offre très importante et audacieuse dans l'espoir que les autres fassent de même. Cela n'est pas arrivé", a-t-elle accusé.

"Nous avons indiqué que nous sommes ouverts aux négociations, qu'on ne met pas quelque chose sur la table en disant +c'est à prendre ou à laisser+. On n'obtient pas un +Oui+ en disant +Non+ à tout", a-t-elle dit dans une allusion à peine voilée à Bruxelles.

Evoquant la visite du commissaire européen du Commerce, mardi à Washington, le secrétaire américain à l'Agriculture, Mike Johanns, a averti qu'il allait lui "dire que l'UE doit ouvrir ses marchés".

"L'UE est le numéro un: leurs subventions sont plus élevées que n'importe où. Elles sont plus du double de celles des Etats-Unis", a-t-il accusé.

Interrogée sur la probabilité de relancer les pourparlers, Mme Schwab a refusé de se laisser enfermer dans des dates.

"Il s'agit de substance et non de chronologie. Les dates magiques ne marchent pas", a-t-elle dit, tout en avertissant qu'il serait "très difficile" de prolonger les pouvoirs spéciaux dont bénéficie le président américain George Bush et sans lesquels il est impossible de poursuivre les pourparlers.

Le Congrès doit se prononcer à ce sujet en mars-avril, ce qui en fait une sorte de date butoir pour une relance des discussions.

M. Trojan a estimé pour sa part que "la fenêtre de tir" était "étroite" et évalué les chances d'une reprise des négociations à "plus de 50%".

lv/fp