La crise du porc continue de frapper au Québec. Au moment où les usines d'Olymel à Saint-Simon et Saint-Valérien fermaient leurs portes la semaine dernière, un autre abattoir de la Montérégie se plaçait sous la protection de la loi de la protection de la faillite.

La crise du porc continue de frapper au Québec. Au moment où les usines d'Olymel à Saint-Simon et Saint-Valérien fermaient leurs portes la semaine dernière, un autre abattoir de la Montérégie se plaçait sous la protection de la loi de la protection de la faillite.

Il s'agit de Qualiporc, une coopérative fondée par une centaine de producteurs de porcs établie à Les Cèdres, près de Valleyfield. Inauguré l'été dernier, l'abattoir fonctionne actuellement au ralenti, n'abattant que 3000 porcs par semaine alors qu'il a une capacité de 14 000 têtes.

L'entreprise s'est placée sous loi sur la faillite et l'insolvabilité mercredi dernier à la suite d'un avis envoyé par ses principaux créanciers. Si Qualiporc ne l'avait pas fait, ceux-ci auraient eu le droit de recouvrer leur argent.

«Il ne faut pas présumer que c'était leur intention immédiate, mais ça démontre une certaine impatience devant l'état du dossier», précise Christian Bourque, associé chez Raymond Chabot Grant Thornton, le syndic en faillite chargé de l'affaire.

Selon M. Bourque, Qualiporc travaille actuellement à un plan de restructuration qu'elle proposera à ses créanciers. Le président de Qualiporc, Yvan Roy, n'a pas répondu aux appels de La Presse Affaires.

«On a été obligé de se protéger, c'est une mesure préventive, a dit quant à lui Richard Martin, directeur des ressources humaines de l'entreprise. Vous connaissez la situation porcine. Qualiporc est une jeune entité, et nous sommes entrés dans l'industrie dans un très mauvais contexte.»

Les principaux créanciers de Qualiporc sont la Banque de développement du Canada (4,5 millions de dollars), Financement agricole Canada (4,5 millions) et la Banque Laurentienne (3 millions).

La Corporation Financière Brome et Capital régional et coopératif Desjardins sont aussi du nombre. Investissement Québec a accepté de devancer une partie d'un prêt de 375 000 $ accordé à l'entreprise : une tranche de 125 000 $ a été versée la semaine dernière, et les 250 000 $ restants seront versés «si un plan de restructuration viable est complété», a expliqué M. Bourque, de Raymond Chabot Grant Thornton.

12 millions investis

Un groupe d'environ 110 producteurs a aussi investi 12 millions dans cette histoire.

«C'est un dossier dans lequel il y a un montant de passif important, commente M. Bourque. Compte tenu des montants et du nombre d'intervenants, c'est probablement une restructuration qui va durer plusieurs mois.»

Michel Morisset, professeur au département d'agroéconomie à l'Université Laval, ne s'est pas montré surpris devant les difficultés de l'entreprise.

«Au Québec, il faut des usines de très grande taille pour être capable de concurrencer les grosses usines étrangères. On a créé une très petite usine, dirigée par des gens sans expérience et sans main-d'oeuvre qualifiée, et on s'imagine qu'on va concurrencer des géants américains comme Smithfield avec ça. Il n'y a personne dans l'industrie qui va être surpris si ça ferme.»

Son collègue Daniel-Mercier Gouin, du même département, est d'accord.

«Le secteur est déjà encombré, dit-il. De la capacité d'abattage au Québec, il y en a. Gardez en tête qu'ils ont opéré alors que l'abattoir Atrahan (à Yamachiche) était en grève et avec tous les soubresauts chez Olymel. Malgré les circonstances atténuantes, ils ne sont pas capables de tirer leur épingle du jeu.»

La Fédération des producteurs de porcs du Québec, avec qui Qualiporc a eu des différends par le passé au sujet de la mise en marché des porcs, n'a pas voulu commenter la situation.