Tenez-vous-le pour dit: on ne marche pas sur les pieds du PDG du Port de Montréal, Dominic Taddeo.

Tenez-vous-le pour dit: on ne marche pas sur les pieds du PDG du Port de Montréal, Dominic Taddeo.

L'homme a repoussé récemment un autre assaut de promoteurs qui convoitaient ses terrains. Et il assure être déterminé à défendre son territoire.

«Le Port de Montréal, contrairement à ce que certains racontent, ne veut pas prendre toute la place. Nous voulons prendre NOTRE place», a martelé mardi l'énergique petit homme de 68 ans lors de l'assemblée annuelle du Port de Montréal.

La mouche qui a piqué M. Taddeo, c'est la «convoitise de certains» pour les environs du quai Bickerdike. Ce n'est pas la première fois que ces terrains avec vue sur le fleuve suscitent l'envie.

En 2001, par exemple, des promoteurs torontois avaient tenté d'y ériger un centre de divertissement, le Technodome. Et M. Taddeo a révélé mardi que le projet du «Nouveau Havre de Montréal», a ravivé la controverse.

Ce projet a été annoncé vendredi dernier par le ministre fédéral des Transports, Lawrence Cannon, et son collègues des Travaux publics, Michael Fortier. Il vise à réaménager le secteur du Havre de Montréal pour en faire un «espace plus vert, plus propre et plus accueillant pour les résidants et les touristes».

Pour ça, le Port de Montréal a dû rétrocéder une superficie de 246 000 mètres carrés à la Société immobilière du Canada (SIC), notamment le terrain où se trouve le fameux silo numéro 5.

Sauf que M. Taddeo a expliqué qu'on visait au départ beaucoup plus large. C'est l'ensemble des terrains du port dans le secteur du Havre, soit 687 000 mètres carrés, qu'on lui réclamait.

«Certaines personnes ont dit que ces terrains étaient en friche, a tonné le PDG lors de son assemblée annuelle. En friche! Elles croient qu'ils devraient être convertis en zone résidentielle. J'ai toujours été franc avec vous et je vais l'être encore. Oui, nous avons été approchés à la fin décembre. Et je remercie toute mon équipe qui a travaillé fidèlement et de longues heures sur ce dossier.»

Selon M. Taddeo, «certaines personnes ont induit Transports Canada et le gouvernement en erreur». Mais le danger, soutient-il, est écarté.

«Nous avons dû nous asseoir et leur expliquer des choses. Nous avons tout appuyé sur des faits, pas sur de la fiction. Et il faut donner crédit à M. Cannon et M. Fortier, qui ont reconnu l'importance économique du port pour la Ville de Montréal.»

Le Port de Montréal soutient que certains des sites qu'on lui demandait sont «critiques» pour ses activités. Il précise qu'au quai Bickerdike, par exemple, l'entreprise d'arrimage Empire manutentionne des marchandises pour plusieurs transporteurs, notamment Océanex qui assure une liaison avec Terre-Neuve.

«Les terrains qui ont été cédés, insiste aujourd'hui M. Taddeo, sont ceux qui n'avaient ni vocation portuaire, ni vocation maritime. Je répète: ni portuaire, ni maritime.»

«Je pense qu'on a touché les bons actifs, a dit quant à lui le ministre des Travaux publics, Michael Fortier, à La Presse Affaires. Le port a une mission importante pour le développement économique de Montréal, il connaît actuellement des années extraordinaires et doit avoir tout l'espace nécessaire pour fonctionner. L'assiette foncière qui est transférée à la SIC - 5 millions de pieds carrés, vous admettrez que c'est gigantesque - est formée de terrains qui étaient essentiellement dormants et ne faisaient pas l'objet de démarchage actif.»