Malgré sa croissance fulgurante des dernières années, le spécialiste de la sécurité Garda World (T.GW) reste un secret bien gardé, estime le gestionnaire Robert Beauregard, à l'encontre d'un confrère qui se méfie de l'agressivité de l'entreprise.

Malgré sa croissance fulgurante des dernières années, le spécialiste de la sécurité Garda World [[|ticker sym='T.GW'|]] reste un secret bien gardé, estime le gestionnaire Robert Beauregard, à l'encontre d'un confrère qui se méfie de l'agressivité de l'entreprise.

«L'histoire en est encore à ses débuts, c'est le prochain Couche-Tard», juge M. Beauregard, premier vice-président chez Natcan.

Garda vient d'annoncer des profits en hausse de 37 % à 5,1 M$ ou 0,17 $ l'action. Les analystes avaient prévu un peu plus, soit 0,21 $ l'action, et le titre a réagi par un recul de près de 6 %, à 22$.

«C'est un excellent point d'entrée», opine le gestionnaire, en soulignant que le titre est passé de 18 $ à 23 $ au cours des trois dernières semaines. D'ici un an, il le voit à 30 $.

Garda, souligne M. Beauregard, termine une année de «croissance effrénée». De fait, la compagnie a littéralement enfilé les acquisions au cours des derniers trimestres.

Elle en a réalisé pas moins de 10 en 2006, dont celle de Kroll Security International, qui fournit des services dans les zones chaudes que sont l'Irak et l'Afghanistan. En 2005, le géant américain des enquêtes Vance est passé sous son contrôle.

M. Beauregard calcule que même sans nouveaux achats, les profits d'exploitation auront triplé dans deux ans, grâce à l'intégration des acquisitions et à la croissance interne, fruit d'un positionnement désormais mondial.

«Avec une plateforme globale, il y a beaucoup plus d'occasions d'intéresser des banques d'investissement.»

Deux autres facteurs favorisent selon lui l'entreprise québécoise : la croissance du marché de la sécurité, marché qui s'étend à des lieux encore peu explorés comme les ports ; et la popularité des secteurs boursiers non cycliques, par exemple l'immobilier et les infrastructures.

En voie de devenir une société «d'utilité publique», Garda se classe bien dans la catégorie non cyclique, juge Robert Beauregard.

Dans ce contexte, l'action lui apparaît très bon marché, ce qu'il attribue notamment au fait que la capitalisation boursière est encore trop modeste pour intéresser les gestionnaires de gros titres.

«Plusieurs joueurs étrangers détiennent Garda, parce qu'elle est bien moins chère que d'autres compagnies du secteur, rapporte M. Beauregard. Ce devrait être un joyau ici.»

Des idées de grandeur

Mais au moins un gestionnaire, qui veut garder l'anonymat, se méfie de la stratégie d'expansion agressive du PDG Stéphan Crétier.

Lors de la dernière assemblée annuelle de Garda, ce dernier a réitéré son objectif de voir le chiffre d'affaires atteindre le milliard d'ici cinq ans. Pour la dernière année financière, les revenus ont atteint 259M$.

«C'est correct d'être ambitieux, mais quand on cible un taux de croissance de 30 % par année, le danger est de faire des acquisitions juste pour atteindre cet objectif, avertit-il. On a vu bien des histoires de ce type-là.»

Toute diversification comporte des risques, rappelle aussi ce gestionnaire, faisant allusion à la percée de Garda dans le secteur des enquêtes.

Enfin, il n'aime pas que ce nouveau créneau mette l'entreprise à la merci des changements de politiques des gouvernements avec lesquels elle a des contrats.

«Si les États-Unis sortent d'Irak dans deux ans, qu'est-ce que ça voudra dire pour Garda ? » demande-t-il.

À plus de 50 fois les profits de l'an dernier, il juge pour sa part que l'évaluation du titre est élevée.

«Mais les résultats jusqu'à maintenant sont très impressionnants», convient-il.