La saga des salles de spectacles à Montréal connaît un rebondissement inespéré et inattendu.

La saga des salles de spectacles à Montréal connaît un rebondissement inespéré et inattendu.

Le propriétaire du Berri, rue Saint-Denis, transformera l'édifice pour le doter d'une salle de spectacle de 800 places et d'une discothèque de 700 places.

Gilles Laberge a acheté le Berri en l'an 2000 lors de la fermeture du complexe cinématographique qui s'y trouvait. On y a tenu ensuite un after-hours, Aria, qui a fermé définitivement ses portes le 23 décembre dernier.

M. Laberge est aussi propriétaire du Dagobert de Québec, mieux connu sur la Grande-Allée comme le «Dag», une boîte fort populaire avec deux salles où l'on présente des groupes hommages rock, ainsi que des DJ internationaux.

L'actuel sous-sol du Berri abritera 680 sièges et le rez-de-chaussée servira de balcon avec 104 sièges, pour un total de 784 places assises. À l'étage, la discothèque accueillera 693 personnes avec permis de danse, bar et spectacle.

«Je crois qu'il y a de la place pour cette salle. Avec les études qu'on a faites, on pense que c'est un bon investissement. On est très bien situé. Ça bouillonne dans ce secteur», explique Gilles Laberge qui n'ignore pas que son projet survient au moment où la destruction du Spectrum est à l'agenda du mois d'août.

«C'est malheureux pour eux, mais ça tombe bien pour nous. Peut-être qu'on pourra aider à le remplacer», estime-t-il, avant d'ajouter «qu'une autre compagnie va opérer la salle».

Le projet a été entériné au conseil d'arrondissement de Ville-Marie mardi soir. Le permis de construction sera délivré lorsque l'arrondissement et le promoteur s'entendront sur l'architecture extérieure. La discothèque ne représente pas un problème.

Les fonctionnaires municipaux indiquent qu'au lieu d'un after-hours, fermant à midi, «l'usage proposé est plus compatible avec le milieu environnant».

Le budget n'est pas encore arrêté, quoique Gilles Laberge dise vouloir créer une salle à la fine pointe de la technologie. «On est à la recherche de commanditaires aussi, quelqu'un qui pourrait mettre son nom sur la salle. Mais c'est sûr que ce sera québécois», soutient-il.

Le maire de l'arrondissement Ville-Marie et représentant de la culture au comité exécutif, Benoît Labonté, y voit une «bonne nouvelle pour cette partie du Quartier des spectacles».

«Ça vient consolider la vocation culturelle. C'est primordial dans le contexte de notre annonce d'avant-hier [le PPU ou programme particulier d'urbanisme] pour le Quartier des spectacles. On revitalise le secteur», dit le maire.

La Ville de Montréal a prévu 57,5 millions pour le PPU autour de la Place des Arts. La partie est du Quartier des spectacles (QdS), où se trouvera la nouvelle salle, sera à l'étude en 2008. Mais le projet du Berri «contribue déjà à la vocation culturelle dans la partie la moins évidente du QdS», se réjouit M. Labonté.

Un créneau déjà pas mal rempli

Chez Spectra, le son de cloche n'est pas le même, évidemment. La nouvelle salle touche à la plate-bande d'un éventuel nouveau Spectrum.

André Ménard, vice-président aux salles et spectacles, estime que la formule du Berri est loin d'être la première du genre à Montréal. «Ce créneau est déjà pas mal rempli. Ça en fait beaucoup quand on pense au Corona, Saint-Denis 2, la salle Pierre-Mercure, le La Tulipe. C'est spécial, mais tout le monde a le droit d'essayer», croit-il.

La rentabilité du projet, selon lui, reste une chose à démontrer, même s'il avoue que les propriétaires du Dagobert ont fait leurs preuves dans le domaine.

«Le problème c'est que le profit se trouve dans les derniers billets vendus plutôt que dans les premiers. Pour un spectacle d'un soir, c'est en vendant les 300 derniers billets qu'on fait la différence. Ce n'est pas une capacité qui viendrait vraiment remplacer le Spectrum», affirme-t-il.

À la Compagnie Larivée, Cabot, Champagne, propriétaires du théâtre National et du La Tulipe, on constate également qu'il y a beaucoup de salles du genre, mais la porte-parole, Marie-Christine Champagne, estime qu'un tel changement dans le monde du spectacle montréalais a des effets d'entraînement.

«Ça nous aide d'une certaine façon. Plus c'est dynamique, plus c'est vivant, les gens iront voir de plus en plus de spectacles», conclut-elle.