Sans quotas sur les émissions de gaz à effet de serre, la Bourse climatique de Montréal ne verra jamais le jour.

Sans quotas sur les émissions de gaz à effet de serre, la Bourse climatique de Montréal ne verra jamais le jour.

Depuis juillet dernier que la Bourse de Montréal est prête à offrir aux entreprises canadiennes du gaz carbonique. Des millions de tonnes de CO2, que les entreprises pourraient acheter afin de se faire pardonner leurs émissions. Elle n'attend que le signal d'Ottawa - et l'imposition de quotas - avant d'en transiger.

«Le gouvernement fédéral doit préciser ses cibles et leur date d'entrée en vigueur dans le cadre de son projet de loi sur la qualité de l'air, dit Philippe Loumeau, chef des opérations de la Bourse de Montréal. Au début, le marché va démarrer timidement. Mais c'est un mécanisme très intéressant pour gérer les questions environnementales.»

La Bourse de Montréal ne veut pas se retrouver à quêter comme son partenaire américaine, le Chicago Climate Exchange. «Comme le marché américain est volontaire, la Bourse de Chicago doit convaincre chaque entreprise de l'importance d'acheter du CO2», explique M. Loumeau.

Un marché volontaire est peut-être capable de vivoter aux États-Unis, il est voué à l'échec au Canada, croit M. Loumeau.

«Il faut que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités, dit-il. Les entreprises qui font des efforts et s'imposent des contraintes supplémentaires sont pénalisées. C'est bien d'être vertueux mais il faut que les autres le soient aussi.»

À Chicago, le CO2 se vend environ 4 $ US la tonne, selon M. Loumeau. Un prix de trois à quatre fois moins élevé que sur les marchés européens. Les effets pervers de cette chute de prix sont nombreux.

«Les entreprises ont peu d'incitatifs à investir dans des technologies propres, dit M. Loumeau. Si le CO2 se vendait plus cher, les entreprises se forceraient un peu plus afin de réduire leurs émissions au lieu d'acheter des crédits.»

L'entrée en scène d'un nouveau ministre fédéral de l'Environnement, John Baird, permettra-t-il l'ouverture du Marché climatique de Montréal ?

«Nous lisons les journaux comme tout le monde, dit M. Loumeau. L'ouverture du ministre Baird au sujet d'un marché du carbone est plus grande (que celle de Rona Ambrose). Nous ne sommes pas pressés. Ça prendra le temps que ça prendra.»