L'assemblée annuelle de Metro (T.MRU.A) a tranché : Pierre H. Lessard n'est pas trop grassement payé si l'on tient compte du rendement exponentiel que l'épicier a connu en Bourse avec le PDG à sa tête.

L'assemblée annuelle de Metro [[|ticker sym='T.MRU.A'|]] a tranché : Pierre H. Lessard n'est pas trop grassement payé si l'on tient compte du rendement exponentiel que l'épicier a connu en Bourse avec le PDG à sa tête.

Rappelons que M. Lessard a empoché un salaire de plus de 746 000 $ assorti de plus de 895 000 $ en primes lors de l'exercice qui s'est terminé le 30 septembre. De plus, il détient 2,2 millions d'options dont la valeur réalisable est évaluée à 27 M$.

Et depuis janvier 2002, l'action de l'entreprise montréalaise est passée d'environ 20 $ à plus de 38 $. Depuis que M. Lessard en est président, l'avoir de l'actionnaire s'est bonifié de 27% par année.

Yves Michaud, actionnaire de Metro et président du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires, a bien tenté de sonner la charge pendant la période de questions.

Sans remettre en question la compétence de Pierre H. Lessard, il s'est insurgé contre l'ampleur de sa paie.

Il a cité les propos du plus grand actionnaire de l'épicier, Stephen Jarislowski, qui a déjà qualifié de «vol» et de «pur délire» la rémunération de dirigeants et administrateurs de sociétés.

«Quelles sont, demande Yves Michaud, les raisons qui ont incité les membres du conseil à franchir les limites raisonnables de rémunération des dirigeants d'entreprise en effectuant une ponction sur l'avoir des actionnaires au bénéfice du chef de la direction ?»

Sous quelques huées, M. Michaud en a rajouté. «Les clients de Metro, par centaines de milliers et peut-être plus, ont créé un vent favorable permettant au capitaine Lessard de se rendre à bon port. La fidélité de la clientèle québécoise qui résiste [...] aux modèles importés de l'oncle Sam est la première raison des succès et de l'augmentation de l'avoir des actionnaires.»

Maurice Jodoin, président du conseil d'administration, a répondu que quand M. Lessard est arrivé à la tête de Metro en 1990, la société était en grande difficulté.

«Les banquiers étaient nerveux et nous sommes chanceux d'avoir passé à travers cette nervosité, affirme M. Jodoin. Nous perdions 10 millions de dollars par année. Nous cherchions un président et chef de la direction qui allait ramener l'entreprise sur la voie du succès.»

Selon le président du conseil, le PDG peut crier mission accomplie, et ce malgré une rémunération bien en-deça de ce qui est offert ailleurs ainsi qu'une concurrence plus féroce.

«Le problème, lance M. Jodoin, c'est que le succès de Metro a dépassé l'imagination la plus fertile de la majorité des investisseurs et c'est très agréable pour les actionnaires ! Si Pierre Lessard a une bonne rémunération, c'est qu'il obtient des résultats extraordinaires année après année.»

Pierre Brunet, membre du conseil et président du comité de rémunération, a ajouté son grain de sel à la discussion. «Si l'on revient à 1990, un investisseur qui a misé 10 000 $ dans Metro récolte aujourd'hui 480 000 $. C'est un rendement de 27% par année. Le coût des options représente à peine 16 ou 17 cents pour l'actionnaire.»

L'intervention a reçu les applaudissements d'une grande majorité des actionnaires présents.

Quant au principal intéressé, M. Lessard, il s'est montré peu loquace à cet égard en conférence de presse. «Comme l'a dit M. Jodoin, notre rendement a été plus important que prévu. Je ne crois pas que les actionnaires se plaignent.»

Invité à commenter l'abandon récent d'un recours par le Regroupement des marchands actionnaires contre sa rémunération, le dirigeant a préféré faire preuve de réserve. «C'est assez difficile pour moi de répondre. Je pourrais vous donner mon opinion mais ce ne serait pas de mise», résume-t-il.

Continuera-t-il à diriger Metro et qui sera son dauphin quand il partira ?

«Mon contrat se termine en 2008, réplique M. Lessard. On va se rendre là et nous verrons bien par la suite. Il y a toute une équipe qui s'occupe du développement et de l'expansion. Ce seront eux qui verront ce que l'on fera dans cinq et dix ans.»