L'esprit entrepreneurial anime davantage Toronto et Vancouver que Montréal.

L'esprit entrepreneurial anime davantage Toronto et Vancouver que Montréal.

C'est le triste constat qu'a dû faire le Projet Entrepreneuriat Montréal (PEM), un groupe de travail indépendant qui s'est penché sur l'entrepreneuriat dans la métropole québécoise.

Le PEM s'est basé sur des sondages effectués entre 2001 et 2005 par le consortium de recherche international Global Ent repreneu rship Mon itor (GEM) pour constater que l'esprit entrepreneurial avait grand besoin d'être revigoré dans la région montréalaise.

Alors que plus de 16% des répondants de Toronto et de Vancouver ont exprimé l'intention de créer une entreprise dans les trois ans, seulement 13,7% des répondants de Montréal ont indiqué avoir un tel projet.

D'ailleurs, seulement 4 ,4% des répondants montréalais ont déjà créé une entreprise, contre 7,6% des répondants de Toronto et 8 ,1% des répondants de Vancouver.

Les Montréalais sont également moins nombreux à avoir des modèles entrepreneuriaux: seulement 31,4% des répondants ont indiqué avoir de tels modèles, contre plus de 40% pour les répondants de Toronto et de Vancouver.

Il y a aussi une plus faible proportion de Montréalais qui estiment avoir des capacités entrepreneuriales ou qui ont identifié des occasions entrepreneuriales.

«Montréal a du retard par rapport à Toronto et Vancouver, a déclaré Liette Lamonde, porte-parole du PEM, en conférence de presse mardi. La bonne nouvelle, c'est que nous pouvons rattraper ce retard.»

Le PEM, une initiative de la ville de Montréal financé par le ministère québécois des Affaires municipales et la Conférence régionale des élus de Montréal, a proposé une stratégie pour vivifier l'esprit entrepreneurial dans un rapport d'une centaine de pages intitulé Entreprendre à Montréal: l'urgence d'agir ensemble.

Le PEM a notamment insisté sur la question du mentorat.

«Jusqu'à 34% des nouvelles entreprises ne parviennent pas à franchir le cap des cinq premières années, a noté M me Lamonde. Or, les nouvelles entreprises qui sont bien encadrées sont plus nombreuses à franchir ce cap, soit 78%.»

Le président et fondateur de Léger Marketing, Jean-Marc Léger, a indiqué qu'il avait lui même profité des sages conseils d'un mentor, Pierre Weill, fondateur d'une des plus importantes compagnies de sondages dans le monde, la SOFRES.

«Se lancer en affaires, ce n'est pas facile, a-t-il soutenu. Le mentorat, c'est une des raisons de la réussite de Léger Marketing. J'essaie maintenant de faire la même chose de mon côté.»

Il a affirmé que la question de l'encadrement des jeunes entreprises était particulièrement importante à ce moment-ci, compte tenu de la disparition de nombreuses entreprises québécoises aux mains d'intérêts étrangers.

«Quand vous voyez les Van Houtte ou Cambior, vous voyez qu'il y a urgence d'agir», a-t-il déclaré.

Le PEM a également préconisé l'essaimage d'entreprises, une pratique plus fréquente dans les régions qu'à Montréal. Il s'agit souvent d'un entrepreneur qui encourage un employé à lancer une entreprise qui pourrait, dans un premier temps, être liée à la première entreprise.

«Un bon exemple est l'entreprise de moulage de plastique IPL, qui a essaimé quatre entreprises», a souligné Mme Lamonde.

Le PEM a aussi recommandé une meilleure coordination et un renforcement des services de soutien à l'entrepreneuriat. Le groupe de travail a dénombré 85 organismes de soutien au Québec, employant 400 personnes et disposant d'un budget total de 34 millions de dollars.

«Nous voulons en faire un réseau qui constituerait un des piliers de la mise en oeuvre de notre stratégie», a affirmé Mme Lamonde.

Le PEM a finalement proposé de favoriser davantage la création d'entreprises technologiques innovantes et d'adapter les services existants à des clientèles particulières, comme les jeunes entrepreneurs, les femmes, les immigrants et les minorités visibles.

«Ces personnes ont besoin de plus de soutien», a déclaré Mme Lamonde.