Le Canada négocie des accords de libre-échange aux quatre coins du monde mais il est encore bien loin du libre-échange sur son propre territoire.

Le Canada négocie des accords de libre-échange aux quatre coins du monde mais il est encore bien loin du libre-échange sur son propre territoire.

Il faut que ça change, selon Ottawa, qui a donné aux provinces jusqu'au 1er avril 2009 pour s'entendre et lever les obstacles à la mobilité de la main-d'oeuvre.

«Un Français peut travailler en Allemagne, où ses compétences sont reconnues, mais un Canadien ne peut pas travailler dans une autre province, dans le même pays. Ce n'est pas normal», a soutenu jeudi le ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier, lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

M. Bernier a rencontré les ministres provinciaux responsables du commerce, jeudi à Terre-Neuve, pour leur proposer d'accélérer le processus de libéralisation des échanges inter-provinciaux, qui n'a guère progressé depuis la signature de l'Accord sur le commerce extérieur il y a 12 ans.

Le gouvernement de Stephen Harper, qui s'est engagé à assurer une «mobilité parfaite» de la main-d'oeuvre entre les provinces, a décidé de «mettre un peu plus de pression», selon le ministre Bernier.

Ainsi, à défaut d'une entente, l'Accord sur le commerce extérieur sera amendé afin de permettre aux provinces qui le veulent de pratiquer une «reconnaissance implicite mutuelle des compétences professionnelles», soit une forme de libre-échange volontaire, le 1er avril 2009.

C'est ce qu'ont déjà convenu de faire la Colombie-Britannique et l'Alberta, qui ont signé un accord de libre-échange entre elles en avril 2006.

Cet accord entre les deux provinces, qui prévoit un processus de résolution des différends et des amendes en cas de contravention, doit être étendu à l'ensemble des provinces canadiennes, estime le ministre de l'Industrie.

Selon lui, sa proposition a été bien accueillie par les ministres provinciaux, qui reconnaissent eux aussi la nécessité d'éliminer les barrières. Le chemin peut être long entre la reconnaissance du principe et les actions concrètes pour changer les choses, a-t-il reconnu. «Mais on fait un pas de plus».

Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, a assisté à la rencontre de jeudi à Terre-Neuve, mais il n'a pu être joint avant la fin de la journée.

La proposition fédérale sera examinée par les ministres provinciaux du Travail, qui devraient se rencontrer dans six mois pour faire le point.

Les problèmes de mobilité de la main-d'oeuvre se posent surtout pour les travailleurs spécialisés et les professionnels, dont les compétences sont contrôlées par des associations provinciales aux règles différentes d'une province à l'autre.

Résultat, un travailleur qualifié doit la plupart du temps passer des examens et subir des délais avant d'être embauché dans une autre province.

Le problème est particulièrement aigu dans les provinces de l'Ouest, qui souffrent de pénuries de main-d'oeuvre.

Même si tous les obstacles au commerce inter-provincial étaient éliminés, il restera toujours la barrière de la langue qui empêchera la main-d'oeuvre de circuler librement d'une province à l'autre. «C'est une barrière naturelle», reconnaît le ministre fédéral de l'Industrie.