De 400 à 500 millions de revenus supplémentaires par année. C'est ce que le Québec pourrait encaisser en transférant une toute petite partie du chauffage des maisons de l'électricité vers le gaz naturel.

De 400 à 500 millions de revenus supplémentaires par année. C'est ce que le Québec pourrait encaisser en transférant une toute petite partie du chauffage des maisons de l'électricité vers le gaz naturel.

Le calcul est celui que Jean Simard, vice-président chez Gaz Métro, présentera aujourd'hui (mardi) au Forum sur l'électricité qui se tient à Montréal.

Il porte sur une toute petite partie de l'électricité utilisée pour le chauffage au Québec, soit 4 térawattheures sur un total de 59 térawattheures.

Si les bénéfices à tirer sont aussi grands, c'est parce que le Québec est entouré de marchés très lucratifs qui sont assoiffés d'énergie, explique Jean Simard lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

«Quand on explique au reste du monde que la majorité des Québécois utilisent l'électricité pour chauffer leurs maisons, les gens ne comprennent pas, il faut recommencer à l'expliquer», dit-il.

Le choix du Québec de privilégier l'électricité pour le chauffage, il y a de cela plus de 20 ans, a coûté cher. Plus de 7 milliards par année, estime-t-il, en prenant en compte les revenus que la vente de cette électricité à nos voisins aurait pu rapporter.

Gaz Métro ne veut pas réécrire l'histoire, mais l'entreprise estime que le Québec a aujourd'hui la possibilité de faire d'autres choix énergétiques, beaucoup plus rentables.

«Le choix qu'on a fait était valable à l'époque, mais il comporte un coût pour la société qu'on ne doit pas reproduir», dit Jean Simard.

Ce coût pour la société s'alourdit d'année en année, ajoute-t-il, parce que les consommateurs québécois utilisent pour se chauffer de l'électricité à un prix plus bas (6 cents le kilowattheure) que ce qu'il en coûte à Hydro-Québec pour produire de nouveaux kilowattheures (entre 8 et 10 cents).

Dans sa stratégie énergétique, le gouvernement du Québec reconnaît que l'électricité n'est pas le forme d'énergie la plus efficace pour chauffer les maisons.

«On doit en effet se demander s'il est toujours pertinent de systématiquement se chauffer à l'électricité», peut-on lire dans le document.

Un premier pas bien timide, selon Gaz Métro. «La stratégie énergétique a ouvert la porte mais il faut maintenant passer le seuil», dit Jean Simard.

Pour aller plus loin, il faut d'abord que le prix de l'électricité continue d'augmenter. «Il n'y a rien de plus fort que le signal de prix pour modifier le comportement des consommateurs», souligne le vice-président de Gaz Métro.

Il faudrait aussi des changements au code du bâtiment pour accroître l'efficacité énergétique des maisons, ce qui favoriserait le recours au gaz naturel dans toutes les nouvelles constructions.

Enfin, il faut que le gouvernement québécois assure l'approvisionnement en gaz naturel à bon prix, en donnant son accord aux projets de liquéfaction de gaz naturel importé par des navires-méthaniers. Gaz Métro pilote un projet de terminal méthanier à Lévis et Petro-Canada en a un autre à Cacouna.

Selon Jean Simard, le recours accru au gaz naturel générerait des revenus accrus de 400 à 500 millions par année pour le Québec, si l'électricité économisée était vendue au prix en vigueur sur les marchés limitrophes, soit autour de 10 cents le kilowattheure.

Sur le plan environnemental, il s'agirait aussi d'un gain net, assure-t-il. L'accroissement de la consommation de gaz naturel au Québec augmenterait les émissions de gaz à effet de serre de 800 000 tonnes, mais l'électricité exportée remplacerait du charbon et du mazout dans les états de la Nouvelle-Angleterre et en Ontario, pour un gain net estimé à entre 700 000 et 3,1 millions de tonnes par Gaz Métro.

Tout le monde y gagnerait, estime Jean Simard. «On a le luxe d'avoir différentes options énergétiques, on peut s'en servir pour compenser ce que la réalité démographique nous réserve, c'est-à-dire un déficit dans le financement des programmes sociaux».