Le ministre indien du Commerce et de l'Industrie, Kamal Nath, n'a pas eu le temps de souffler depuis son arrivée à Davos.

Le ministre indien du Commerce et de l'Industrie, Kamal Nath, n'a pas eu le temps de souffler depuis son arrivée à Davos.

Les entrepreneurs présents au Forum économique mondial souhaitent tous profiter de l'essor fulgurant de l'Inde, tandis que les chefs d'État rêvent d'attirer des investissements indiens chez eux.

Avec son milliard de consommateurs potentiels et son taux de croissance qui dépasse les 9% par année, le pays a un pouvoir d'attraction énorme, et Kamal Nath en est très conscient.

Le Québec et le Canada auront leur part du gâteau, a affirmé le ministre indien pendant une entrevue avec La Presse Affaires, hier, en marge du Forum de Davos. «Les relations politiques entre l'Inde et le Canada sont très chaleureuses, on cherche maintenant à leur donner une plus forte teneur économique.»

Le Québec travaille fort pour pénétrer le marché indien. Le gouvernement multiplie les missions économiques dans le pays, et Investissement Québec y ouvrira un ou deux bureaux au cours de la prochaine année.

Le premier ministre Jean Charest est également «un ami» de M. Nath, qu'il a côtoyé à plusieurs reprises depuis le début des années 90.

Pour les entreprises indiennes, c'est le secteur des technologies de l'information qui suscite le plus d'intérêt au Québec, dit le ministre Nath. «Tous nos plus gros acteurs sont intéressés.»

Le géant Tata Consultancy Services est du lot. «Nous allons continuer à accroître nos activités au Canada. Plusieurs autres compagnies indiennes découvrent aujourd'hui le potentiel du Canada et suivent nos traces», a indiqué jeudi dans un courriel la porte-parole, Pradipta Bagchi.

Les investissements directs de l'Inde sont déjà en croissance depuis plusieurs années au Canada. Entre 1999 et 2005, ils sont passés de 18 à 145 millions de dollars, selon les données du ministère du Commerce international. Et à en croire le ministre Nath, ils devraient augmenter beaucoup plus rapidement dans l'avenir. Les investissements directs du Canada en Inde, pour leur part, ont diminué de 247 à 204 millions pendant la même période.

Le ministre Nath espère voir les entreprises canadiennes investir plus dans son pays, notamment dans le secteur dans le secteur de la transformation alimentaire.

Paradoxe indien

La présence indienne est encore fort remarquée cette année au Forum de Davos. Dans les ateliers tout comme les couloirs du centre des congrès, on observe de nombreux gens d'affaires et journalistes indiens. On voit aussi plusieurs femmes en sari, sans cesse occupées à consulter leur BlackBerry.

Comme la Chine, l'Inde est en plein au centre du radar de la planète économique. Le ministre du Commerce et de l'Industrie s'en réjouit.

«L'Inde a été engagée dans l'économie globale comme jamais auparavant au cours des dernières années. Quand le monde regarde l'Inde, il voit une démocratie, la plus grande au monde, avec un taux de croissance de 9,2%, il voit une main-d'oeuvre jeune, qualifiée.»

L'avenir apparaît brillant pour les Indiens, mais la route sera longue avant que toute la population puisse profiter du boom économique, reconnaît Kamal Nath.

«L'Inde a de grandes forces dans l'industrie du savoir, mais il y a encore 300 millions de personnes qui vivent avec moins d'un dollar par jour, ce qui est plus que tous les pays les moins développés réunis, dit-il. Alors, c'est tout un défi. Ça fait partie de la complexité et du paradoxe de l'Inde.»

L'accession des plus pauvres à la richesse passera d'abord et avant tout par l'accès aux études, explique M. Khan. «L'éducation est notre priorité, du primaire jusqu'à l'éducation technique. Nous faisons des dépenses en éducation comme jamais. Auparavant, les dépenses en éducation équivalaient à 1 ou 2% de notre budget. Elles atteignent aujourd'hui 8%.»

Et où le ministre voit-il son pays dans 10 ans? Loin. Très loin. Devant l'Europe même. «Nous serons une des principales économies mondiales, nous devrions être la troisième économie mondiale ou tout près. Nous serons engagés dans l'économie mondiale, tout comme les États-Unis.»

Le premier ministre Jean Charest s'est entretenu en privé avec le ministre indien du Commerce jeudi matin, en marge du Forum économique. Kamal Nath se rendra dans la métropole en juin prochain pour participer à la Conférence de Montréal.

ÉCHOS DE DAVOS

Le premier ministre Jean Charest a aligné les rencontres privées jeudi à Davos. Il a amorcé sa journée très

tôt en déjeunant avec le ministre allemand de l'Économie et de la technologie, Michael Glos. Il s'est ensuite

entretenu avec le gouverneur de l'État du Nuevo León, José Natividad González Parás, puis avec le ministre indien du Commerce et de l'Industrie, Kamal Nath, entre autres dignitaires. Jean Charest a aussi profité d'un point de presse pour appuyer la création d'un marché du carbone au Canada, où les entreprises pourraient vendre et acheter des quotas de CO2 afin de respecter les objectifs du protocole de Kyoto.

Bleuets et saumon chez l'ambassadeur

Aucun doute possible. En voyant les gardes de la GRC vêtus de leur costume rouge à l'entrée, on était sûr d'être au bon endroit. L'ambassadeur du Canada en Suisse, Robert Collette, a donné jeudi soir la traditionnelle réception du Canada au musée Kirchner, dans les collines de Davos. Jean Charest a fait un tour à la fête, accompagné de sa femme Michèle. Le gouvernement du Québec a d'ailleurs fourni du cidre des glaces pour l'occasion.

Les montagnes en minibus

Les participants sont nombreux cette année au Forum de Davos. La délégation du Québec ne fait pas exception, avec la présence du premier ministre Jean Charest, du ministre Raymond Bachand et de leur entourage.

Le gouvernement, qui organise le voyage, a été incapable de loger tout le monde dans le même hôtel pendant le Forum comme cela se fait généralement. Résultat: une partie de la délégation, incluant la plupart des journalistes, est logée à plus de deux heures de route de Davos, à Pontresina, près de la frontière italienne.

Le panorama des Alpes suisses est certes superbe, avec ses pics enneigés et ses routes sinueuses, mais disons que les quatre heures de trajet quotidien en minibus ne ravissent pas tout le monde