Semaine pénible en Bourse pour la vingtaine de fiducies de revenu d'origine québécoise qui sont inscrites à la Bourse de Toronto.

Semaine pénible en Bourse pour la vingtaine de fiducies de revenu d'origine québécoise qui sont inscrites à la Bourse de Toronto.

À elle seules, les trois plus importantes, l'éditeur d'annuaires Pages Jaunes, le distributeur Gaz Métro et le transporteur routier Transforce, ont perdu 1,4 milliard en valeur boursière.

Néanmoins, leurs dirigeants disent vouloir poursuivre leurs plans d'affaires axés sur la croissance et la rentabilité.

Quant à réévaluer la pertinence du statut de fiducie, par rapport à un retour à celui d'entreprise ordinaire, ça devra attendre les détails de l'annonce fiscale d'Ottawa, mardi dernier.

"C'est sûr qu'on va y réfléchir, mais sans urgence parce que ça n'a pas d'impact immédiat sur nos affaires. Le ministre fédéral des Finances maintient le statu quo fiscal pour les fiducies existantes", a indiqué Alain Bédard , président de la fiducie Transforce, l'une des plus importantes sociétés de camionnage au Canada.

En Bourse, hier, les parts de Transforce ont profité du regain de faveur des fiducies en récupérant 6% de leur valeur, à 13,60$.

C'est mieux que le prix de 12,56$ atteint jeudi, "complètement ridicule" a lancé Alain Bédard.

Néanmoins, en une semaine, Transforce a vu sa valeur boursière amputée de 23%, un recul pire que celui du sous-indice des fiducies à la Bourse de Toronto.

"Les investisseurs lient le camionnage aux perspectives économiques, qui ralentissent. Pourtant, Transforce prospère encore très bien. Et nous avons les moyens de continuer de croître par acquisitions", a indiqué son président.

Pour Gilles Cyr, président de la Fiducie de revenu Supremex, de Montréal, "c'est surtout pour les investisseurs que tout ce tumulte fiscal et boursier est le plus dommageable, plutôt que l'entreprise. Et nous sommes parmi eux, comme dirigeants et détenteurs de parts de la fiducie".

Méconnue du grand public, Supremex est le plus important fabricant d'enveloppes d'affaires au Canada. Elle a 11 usines, emploie 730 employés, et réalise un chiffre d'affaires de 496 millions, depuis quatre trimestres.

Comme fiducie, Supremex est aussi toute jeune à la Bourse de Toronto, inscrite depuis avril seulement.

Malgré tout, la baisse de sa valeur boursière s'est limitée à 13% en une semaine, dans la moyenne des fiducies.

Les parts de la fiducie Supremex ont regagné 6,5% jusqu'à 8,50$ hier à Toronto, pour une valeur boursière de 260 millions.

"Nous devrons sans doute réévaluer notre statut de fiducie dans quelques mois, sinon un an, à moins d'une autre mauvaise surprise d'Ottawa, a indiqué M. Cyr.

"Entre temps, je déplore la fin des fiducies comme outil d'accès en Bourse pour des entreprises de taille intermédiaire, comme Supremex. La conversion en fiducie nous a permis d'intéresser des investisseurs même si nous étions méconnus, un peu comme le faisait l'ancien régime d'épargne-actions (RÉA) au Québec, il y a 20 ans", a poursuivi le président de Supremex.

"Mais comme avec le RÉA, il y a eu abus et dérapage, avec de très grosses sociétés devenant des fiducies juste pour sauver de l'impôt. C'est ce qui a effrayé le gouvernement pour ses revenus fiscaux et il a frappé fort contre les fiducies sans distinction envers leurs avantages pour les entreprises comme nous."

Cela dit, à l'instar des analystes boursiers, les dirigeants de fiducies bien établies estiment que les investisseurs ont intérêt à les considérer pour la qualité de leurs affaires, au lieu du seul avantage fiscal.

En ce sens, la correction boursière de cette semaine pourrait avoir fait émerger de bonnes occasions de rachat de titres pourvus d'un rendement immédiat encore plus alléchant.

D'ailleurs, à la Bourse de Toronto hier, les fiducies ont encore regagné en valeur, avec un volume élevé de transactions.

"Ça fait à peine trois jours et de nombreux investisseurs ont déjà mis de côté le choc fiscal pour reconsidérer les bonnes occasions de rachat de parts", a commenté Pierre Bernard, directeur des placements en actions canadiennes à l'Industrielle Alliance.

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