Standard and Poor's a abaissé hier matin la cote de crédit de BCE de " A- " à " BBB+ ", jugeant que la conversion en fiducie pourrait limiter la capacité de l'entreprise à financer sa croissance.

Bonne chose, mauvaise chose? Analystes et gestionnaires ne s'entendaient pas, hier, sur la valeur de la nouvelle bête que sera ce Fonds de revenu Bell Canada, tandis que les grandes agences de crédit plaçaient l'entreprise sous surveillance.

Avertissement

Standard and Poor's a abaissé hier matin la cote de crédit de BCE de " A- " à " BBB+ ", jugeant que la conversion en fiducie pourrait limiter la capacité de l'entreprise à financer sa croissance.

L'agence note que si aucune loi n'oblige une fiducie de revenu à verser une distribution aux détenteurs de parts si elle a besoin d'investir, ceux-ci exercent une pression très forte pour recevoir leur part du gâteau.

L'agence Moody's a abaissé ses perspectives pour BCE et Bell Canada de " stables " à " négatives ", et attend de voir la suite avant de réajuster sa cote.

" C'est la meilleure chose que BCE pouvait faire ", croit quant à lui Iain Grant, analyste en télécommunication au Seaboard Group. Il souligne que BCE a d'abord " testé les eaux " avec son Fonds de revenu Bell Nordiq, puis a regardé la réaction du marché face à l'annonce du concurrent Telus qui a fait le saut un mois avant elle. Pour lui, la fiducie apportera une flexibilité supplémentaire à Bell Canada, en plus d'avantages évidents au niveau fiscal.

Autre son de cloche

Tout autre son de cloche du côté de Cote 100, une firme qui gère des portefeuilles de fonds mutuels. " Nous, on a pris notre décision: on vend nos actions de BCE ", a dit le gestionnaire Marc L'Écuyer.

Selon lui, l'action de BCE s'échangeait autour de 33 $, hier, sur la base que la conversion en fiducie permettra d'éviter le fisc.

Pas si vite, dit-il. Le gouvernement réagira à la multiplication des fiducies de revenu et ira reprendre l'argent qu'il perd, ce qui entraîne un risque pour l'entreprise, estime-t-il.

Un cadre qui restreint

Keith Farrant, de la Corporation de placements Claret, croit que le cadre de la fiducie de revenu convient mal à des entreprises comme BCE et Telus qui se doivent d'investir pour développer de nouvelles technologies.

BCE a fixé à 85 % la part de l'argent disponible qui sera distribué aux détenteurs de parts, une portion qu'il juge " beaucoup trop élevée ".

" J'aurais été à l'aise entre 70 et 75 % ", dit-il. Une opinion que ne partage pas Kona Shio, de Fimet, qui juge le seuil " raisonnable " et salue la conversion.

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