Fernand Pascoal a une faim de loup. D'ici cinq ans, le président et fondateur de la PME Multi Portions souhaite vendre pour 100 M$ de viandes aux quatre coins du monde.

Fernand Pascoal a une faim de loup. D'ici cinq ans, le président et fondateur de la PME Multi Portions souhaite vendre pour 100 M$ de viandes aux quatre coins du monde.

Tout laisse croire qu'il est sur la bonne voie. Pas si mal pour un décrocheur qui a abandonné ses études en secondaire 3.

Multi Portions, de Saint-Jean-sur-Richelieu, se spécialise dans la transformation et la distribution de viandes (surtout du porc) et de volailles à valeur ajoutée.

La PME de 125 employés fabrique près de 200 produits (frais et congelés) qui se déclinent en trois catégories de viandes préparées: saucisses, viandes assaisonnées et viandes de coupes spécialisées ou en portions.

En 10 ans d'existence, l'entreprise a connu une croissance ininterrompue. Son chiffre d'affaires en 1997 était d'environ un million; cette année, il se situe autour de 35 millions.

Et depuis qu'elle a emménagé en mars dernier dans de nouvelles installations, accréditées HACCP, Multi Portions a vu sa production passer du simple au double. Ces dernières années, la PME connaît une croissance moyenne qui frôle les 30%.

Rien d'acquis

La table est donc mise, croit Fernand Pascoal, pour que l'entreprise agroalimentaire atteigne les 100 millions de ventes d'ici 2012.

Rien n'est cependant acquis, dit celui qui plaide pour une intervention gouvernementale afin de réduire la montée du huard face à la devise américaine.

«À court terme, on est capable d'absorber la hausse. Mais à plus long terme, c'est un frein incroyable aux entreprises exportatrices», explique M. Pascoal, principal actionnaire de la PME.

Multi Portions mise en effet beaucoup sur les ventes à l'étranger. Elle exporte 50% de sa production aux États-Unis, en Europe de l'Est (de la Roumanie à la Russie) et en Asie (Japon, Corée du Sud).

À court terme, l'entreprise lorgne l'Australie et prépare de nouveaux produits afin d'étendre sa présence sur le continent asiatique.

Ce tour de force dans un marché hyper concurrentiel est le résultat de nombreux voyages à l'étranger et de moult participations à des foires alimentaires d'importances.

Des liens tissés au fil des ans avec des courtiers en alimentation jouent également en faveur de l'entreprise. Les concurrents de la PME se nomment entre autres Exceldor, Maple Leaf, Olymel et Schneider.

Au Canada, Multi Portions distribue 80% de ses produits sous la marque Dalisa, de même que pour plusieurs marques privées. Elle dessert principalement le Québec, l'Ontario et les provinces de l'Atlantique.

On trouve ses saucisses, coqs au porc et autres filets marinés dans les grandes chaînes alimentaires, dont Provigo, Maxi, Loblaws, Costco, Métro-Richelieu, IGA et Sobeys de même que dans les entreprises de services alimentaires.

Virage santé

En plus de miser sur la croissance, la PME dit vouloir prendre un virage santé. C'est ainsi qu'elle s'est récemment dotée d'une technologie européenne pour la fabrication de saucisses.

Exit les boyaux de porcs qui servaient à contenir la saucisse. Dorénavant, l'entreprise utilise une enveloppe végétale à base, entre autres, d'algues.

L'un des secrets de Multi Portions réside dans la diversification, explique Fernand Pascoal. C'est du moins ce que le jeune cinquantenaire a découvert dans son adolescence lorsqu'il a fait ses premières armes en boucherie, une discipline pour laquelle il voue un véritable culte.

M. Pascoal est en effet tombé en amour avec le métier de boucher à l'âge de 16 ans en se faisant initier aux coupes européennes.

Le hasard (et beaucoup de chance) a voulu que M. Pascoal tombe dans les bonnes grâces de l'un des premiers bouchers pour lesquels il a travaillé dans les années 70.

«Il m'a offert de devenir propriétaire de sa boucherie. Je n'avais que 19 ans!», s'exclame le principal intéressé.

Bille en tête, le jeune propriétaire voulait vendre encore plus de coupes européennes (tournedos, filets, longe, etc.). Manque de pot, le Québécois moyen de l'époque était plus friand de viande hachée et de cubes à ragoûts.

Fernand Pascoal a donc commencé à approcher les grands restaurants de la région montréalaise.

Résultat: sa boucherie vendait 50% de sa production au détail et 50% aux services alimentaires et aux restaurateurs.

Or, lorsqu'il a fondé Multi Portions en 1997, ce fils d'immigrant portugais avait laissé tomber le modèle d'affaires qui avait fait son succès.

Si bien que sa nouvelle entreprise a failli péricliter après un an d'existence.

«Je me suis regardé dans le miroir en me disant: qu'est-ce que tu faisais à l'époque où tu t'amusais et que tu n'avais pas l'impression de travailler? J'ai donc cherché encore une fois à diversifier ma clientèle», résume-t-il.